CAN 2013 : Où sont les cracks ?
Où sont donc passés les successeurs de George Weah, Jay-Jay Okocha ou Pascal Feindouno ? La CAN commence samedi, suivez-là sur Jeune Afrique.
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 17 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.
La Coupe d’Afrique des nations (CAN) reprend ses droits, pour le plus grand plaisir des amoureux du ballon rond. Inutile de revenir ici sur ce que l’on attend d’une telle compétition ou sur l’engouement qu’elle suscite sur le continent. Années impaires ou non, la CAN reste la CAN : trois semaines de bonheur, de liesse, de stress, de larmes ou d’adrénaline, de rassemblements devant le poste, en famille, entre amis, au maquis, au café ou dans la rue.
Il y a les émotions, et il y a le spectacle, pas toujours au rendez-vous il est vrai. Sans talent, le football n’est rien. On peut gagner avec une équipe de joueurs appliqués et disciplinés, bien sûr, mais pour véritablement prendre du plaisir, nous avons besoin d’artistes sinon de stars. Or il faut bien l’avouer, le continent, en la matière, semble aujourd’hui stérile.
Diatribe d’ancien combattant ? Peut-être, mais il n’est nul besoin d’être un grand spécialiste du foot pour constater que Samuel Eto’o ne nous fait plus rêver depuis qu’il a quitté Milan pour le très lucratif mais peu compétitif Anji Makhachkala (Fédération de Russie). Que Didier Drogba est (très) proche de la fin de sa carrière. Que le jadis prometteur Emmanuel Adebayor n’a jamais vraiment confirmé au très haut niveau. Et que les bons joueurs sont pléthore, mais les grands joueurs inexistants. Si on laisse de côté l’aspect purement sportif (influence dans le jeu, résultats, efficacité, etc.) pour ne s’intéresser qu’au volet « artistique » (technique individuelle, vista, beaux gestes), c’est le même constat : où sont passés les successeurs des George Weah, Jay-Jay Okocha ou, plus près de nous et à un niveau moindre, Pascal Feindouno ?
Côté Maghreb, c’est pire : les équipes nationales ne recèlent plus depuis longtemps ce type de pépites. Le Marocain Mbarek Boussoufa aurait pu être cette nouvelle star tant attendue. Mais, même pétri de talent, il n’a jamais concrétisé les immenses espoirs placés en lui et, comme Eto’o, est allé s’enterrer à l’Anji Makhachkala…
On a longtemps glosé sur les particularismes des footballeurs africains, leur absence de sens tactique et de rigueur, leur goût immodéré pour la fête et pour une hygiène de vie guère en adéquation avec les contraintes des sportifs de haut niveau. Mais leurs indéniables qualités balle au pied étaient reconnues.
Aujourd’hui, c’est l’inverse : ils se sont coulés dans le moule imposé par leurs principaux employeurs, les clubs européens, au détriment de la créativité et de ce zeste de fantaisie qui, lorsqu’il demeure zeste, enchante les foules et fait des ravages sur une pelouse. Comment oublier les Larbi Ben Barek, Rabah Madjer, Salif Keita, Mahmoud al-Khatib, Abedi Pelé, Roger Milla, Kalusha Bwalya ou, nous en avons déjà parlé, George Weah, le premier ballon d’or européen venu d’Afrique ? Les académies fleurissent sur le continent, dans le sillon d’un Jean-Marc Guillou précurseur à Abidjan avant de s’exiler sous d’autres cieux. Les gamins de Bamako, de Douala ou d’Alger ont toujours les mêmes rêves. Et le vivier africain n’a jamais produit autant de joueurs professionnels. La quantité, c’est bien. Mais la qualité, c’est mieux…
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