Ce que l’Amérique et les autres doivent aux Noirs et à l’esclavage
Quelques entreprises ayant jadis tiré profit de la traite négrière font leur mea culpa et financent des projets sociaux en faveur des descendants d’esclaves. Une goutte d’eau dans un océan d’injustice.
Aux États-Unis, l’esclavage a été aboli en 1865, sous la présidence du républicain Abraham Lincoln. Mais l’idée de faire payer ceux qui avaient profité du système depuis l’arrivée des premiers Africains sur le sol américain en 1619 n’est pas nouvelle. On la retrouve notamment sous la plume du pasteur Martin Luther King dans Why We Can’t Wait (« Pourquoi nous ne pouvons pas attendre »), un livre paru en 1963, en pleine lutte pour les droits civiques. Elle inspirera d’autres militants africains-américains, à l’instar de l’avocat Randall Robinson, auteur, en 2001, de The Debt: What America Owes to Blacks (« La Dette : ce que l’Amérique doit aux Noirs »).
En 2002, l’exigence d’une réparation financière prend de l’ampleur lorsqu’une plainte collective est déposée contre des sociétés ayant, dans le passé, tiré profit de l’esclavage. Le but n’est pas d’obtenir des indemnisations individuelles, mais des compensations pour réaliser des projets sociaux en faveur des Africains-Américains. Cette action menée, entre autres, par l’avocate et militante new-yorkaise Deadria Farmer-Paellmann réveille quelques consciences. Ainsi, la ville de Chicago adopte, en 2003, une disposition enjoignant aux entreprises qui travaillent pour elle d’enquêter sur leur passé. Plusieurs banques, comme JPMorgan Chase & Company, Lehman Brothers ou Wachovia Bank, passent aux aveux. La Morgan Chase va plus loin en affectant 5 millions de dollars à un programme de bourses d’études destinées à des Africains-Américains.
Réparations et dédommagements
Les militants, eux, continuent à se battre pour une « dette » estimée à 1 400 milliards de dollars (représentant le travail gratuit de 11 millions d’esclaves au fil des siècles, augmenté des réparations et intérêts).
La Grande-Bretagne a adopté une démarche différente. En 2006, Tony Blair, alors Premier ministre, s’était contenté de condamner la traite négrière sans présenter la moindre excuse. En août 2009 cependant, le gouvernement britannique a décidé d’accorder 600 000 livres (734 000 euros) à l’University College de Londres afin qu’il lance un programme de recherche destiné à déterminer le montant des sommes retirées du commerce des esclaves.
Reste une anomalie bien française : Haïti. Pour avoir arraché son indépendance et aboli l’esclavage, ce pays a été contraint par la France à lui verser, de 1825 à 1946, l’équivalent de 17 milliards d’euros. Pour dédommager les anciens propriétaires d’esclaves !
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