Démission de Liz Truss : et si la Libye avait porté la poisse à l’éphémère Première ministre ?

En fonctions depuis seulement six semaines, la Première ministre britannique a fini par jeter l’éponge. Parmi les derniers scandales en date, une affaire de trafic d’influence en Libye dans laquelle son chef de cabinet est impliqué.

 © Damien Glez

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Publié le 20 octobre 2022 Lecture : 2 minutes.

Après la chute du Premier ministre Boris Johnson, Liz Truss avait tenté d’humaniser le thatchérisme annoncé par le surlignage d’une diversité gouvernementale inédite. Il n’aura cependant pas fallu un mois et demi pour que Liz Truss démissionne son chancelier de l’Échiquier né de parents ghanéens : Kwasi Kwarteng a été le premier à payer les pots déjà cassés de marchés financiers effrayés par le plan fiscal ultralibéral du nouveau gouvernement.

Chef de cabinet

Après que ce fusible a sauté, c’est un autre proche de la locataire du 10 Downing Street qui a joué le rôle de nouveau caillou dans l’escarpin. Le scandale qui s’apprêtait à éclater avant que Liz Truss ne décide, à son tour, de démissionner, concerne un pays africain et le nom de Kwasi Kwarteng est, à nouveau, cité… Le quotidien The Times affirme en effet que le chef de cabinet de Liz Truss, Mark Fullbrook, a fait pression sur le précédent gouvernement pour que Fathi Bashagha soit reconnu comme le « Premier ministre légitime » de son pays… En contradiction avec le désir de neutralité britannique de l’époque.

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Un lobbying actif – et rémunéré – qui conduisit notamment, selon le Sunday Times, à une rencontre londonienne du Libyen avec Kwasi Kwarteng (alors secrétaire d’État aux affaires, à l’énergie et à la stratégie industrielle) et le secrétaire à l’Éducation de l’époque, Nadhim Zahawi, autre symbole de la diversité promue par les conservateurs britanniques. Peu de temps après, le « comité restreint des Affaires étrangères » aurait tenu, par liaison satellite, une séance avec Bashagha. Réunion dont les motivations restent floues et dont il ne resterait étonnement que peu de traces…

Influence rémunérée

Certes, le lobbying a pignon sur rue, en particulier dans le monde anglo-saxon, et Mark Fullbrook y a très officiellement consacré une partie de sa carrière, via sa société, Fullbrook Strategies, notamment dans le domaine de l’industrie du tabac. Est-il pour autant confortable qu’un même individu passe de l’aire de l’influence rémunérée à celle de la politique en théorie libérée de tout conflit d’intérêts ?

Le dossier libyen est un sac de nœuds, en particulier pour Londres et Paris qui furent à l’origine de l’offensive contre le régime Kadhafi. Plus d’une décennie après la mort du Guide, la Libye est toujours largement divisée entre des camps dont la sincérité est difficile à départager et qui renvoient à des influences turques, russes ou émiraties. Un temps proche du général libyen Haftar, lui-même en lien avec des mercenaires russes, le versatile Bashagha risque d’entraîner les réseaux sociaux dans le jeu déductif du « les amis des amis de mes amis sont mes amis ». En plein tabou russe dans le camp occidental, le Royaume-Uni n’avait pas besoin de cette démonstration…

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