Côte d’Ivoire – Cacao : déforestation, travail des enfants… Dans la Nawa, les défis de la modernisation

En plein bras de fer avec les multinationales du chocolat pour un meilleur revenu des planteurs, Abidjan mène aussi une double lutte pour rendre plus durable la filière de l’or brun. Point d’étape.

Des sacs de pâte de cacao de l’entreprise Cemoi, dans une usine à Abidjan. © Sia Kambou / AFP.

ESTELLE-MAUSSION_2024

Publié le 24 octobre 2022 Lecture : 5 minutes.

Des publicités pour des engrais et la machette crocodile le long de la route. Des fèves qui sèchent au sol sur des bâches noires dans les villages. Et la végétation, cacaoyers, hévéas, fromagers et tecks, entre autres, omniprésente. Tel est le paysage dans la Nawa, la principale région cacaoyère de Côte d’Ivoire, située à 380 kilomètres au nord-ouest d’Abidjan. En cette fin d’octobre, en pleine campagne de commercialisation de l’or brun, les camions remplis de fèves affluent vers les coopératives.

Si la région contribue à faire de la Côte d’Ivoire le premier producteur mondial de cacao, avec plus de 2 millions de fèves par an, elle illustre aussi le double combat dans lequel le pays est engagé pour rendre sa filière plus durable : la lutte contre la déforestation et contre le travail des enfants. Identifiés de longue date, ces défis ont été pris à bras le corps ces dernières années, les efforts ayant redoublé depuis 2018 et le lancement d’une initiative avec le Ghana, deuxième producteur mondial de fèves, pour obtenir une meilleure rémunération des cacaoculteurs, le maillon faible de la chaîne mondialisée du chocolat.

Un tiers de la production issue de forêts classées

Tant sur la déforestation que sur le travail des enfants, la tâche est considérable. Avec l’essor de la cacaoculture, la Côte d’Ivoire a perdu près de 90 % de ses forêts, celles-ci passant de 16 millions d’hectares dans les années 1960 à moins de 3 millions actuellement. Malgré les réformes en cours, les connaisseurs de la filière estiment qu’un tiers des fèves commercialisées sont toujours issues des 234 forêts classées que compte le pays – entre 10 et 15 % selon le Conseil café-cacao (CCC), le régulateur du secteur.

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