Législatives à Djibouti : l’opposition pourrait siéger pour la première fois

L’introduction d’un nouveau mode de scrutin à Djibouti devrait permettre à l’opposition de faire son entrée à l’Assemblée nationale lors des législatives du 22 février.

Un bureau de vote à Djibouti en avril 2011. © Simon Maina/AFP

Un bureau de vote à Djibouti en avril 2011. © Simon Maina/AFP

Publié le 21 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

Djibouti devrait connaître une avancée majeure dans la pratique démocratique. L’Assemblée nationale a adopté le 28 novembre une loi instaurant un scrutin de liste mixte majoritaire à un tour, avec une représentation proportionnelle à hauteur de 20 %. Proposée par le président, Ismaïl Omar Guelleh, « cette réforme de notre système électoral constitue un progrès dans la consolidation du processus démocratique, a assuré Hassan Darar Houffaneh, le ministre de l’Intérieur. Elle permet d’assurer une meilleure représentation du corps électoral dans les assemblées élues ». Surtout, elle va permettre à l’opposition d’être enfin représentée au sein des institutions de la République – une première depuis l’indépendance, en juin 1977.

À Djibouti, le multipartisme n’est pas nouveau. Instauré en 1992, et d’abord restreint à quatre partis, il avait été étendu dix ans plus tard à l’ensemble de l’échiquier politique (il existe aujourd’hui neuf partis). Toutefois, en raison du mode de scrutin, qui excluait de fait les petites formations, l’opposition n’était jamais parvenue à obtenir le moindre siège au Parlement.

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Monochrome

Du coup, depuis deux décennies, l’hémicycle était monochrome. Outrageusement dominé par l’ancien parti unique, le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP, d’Ismaïl Omar Guelleh) au cours des deux premières législatures multipartites (1992 et 1997), le Parlement djiboutien s’était certes ouvert à de nouvelles formations en 2002 et 2007. Mais les partis en question appartenaient à l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), c’est-à-dire à une coalition de formations favorables au chef de l’État réunies autour de l’ancien parti unique. Il y avait là le Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (Frud, l’ex-rébellion afare), le Parti national démocratique (PND) et le Parti populaire social démocrate (PSD).

Dès lors, le nouveau mode de scrutin devrait encourager l’opposition à participer aux élections, elle qui, depuis dix ans, les a systématiquement boycottées. Pour l’instant, trois partis hostiles au président Guelleh ont annoncé leur participation. Le 24 novembre, Ahmed Youssouf Houmed, le président de l’Alliance républicaine pour le développement (ARD), qui est aussi le représentant de l’ensemble des partis d’opposition, a été reçu par le ministre de l’Intérieur. Pour que l’opposition se lance dans la campagne, lui a-t-il expliqué, il faut que l’administration soit neutre et que les fonctionnaires et les cadres qui pourraient se présenter sous sa bannière soient assurés de ne pas être victimes de représailles. « Nous leur avons donné toutes les garanties exigées », affirme le ministre de l’Intérieur. Reste maintenant à mettre en place la commission électorale qui supervisera le scrutin.

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