Algérie : le procès d’Abdelmadjid Sidi Saïd, malade, est ajourné
Ancien proche du clan Bouteflika, l’ex-patron du puissant syndicat UGTA avait quitté son poste pour raisons de santé en 2019. Il est aujourd’hui poursuivi dans le cadre de différentes affaires où sont parfois impliqués ses fils, mais son état s’étant encore dégradé, l’audience n’a pas pu se tenir ce lundi.
L’ancien puissant patron de la centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens), Abdelmadjid Sidi Saïd, est hospitalisé depuis une dizaine de jours au pavillon carcéral de l’hôpital-Mustapha pour soigner une leucémie chronique et une cardiopathie cornélienne. Hier, le pôle économique et financier du tribunal algérois Sidi M’hamed a d’ailleurs dû, en raison de son absence dans le box des accusés, reporter l’audience au 31 octobre. La défense de Sidi Saïd a remis au président d’audience et au procureur une copie du compte rendu médical attestant de la dégradation de son état de santé.
Le syndicaliste âgé de 73 ans, originaire de Aïn el-Hammam, une commune de la wilaya de Tizi Ouzou, devrait, sauf nouvelles complications, quitter l’établissement hospitalier en fin de semaine pour rejoindre sa cellule, apprend Jeune Afrique de sources médicales. « La prochaine fois, je l’interrogerai s’il le faut par Skype », s’impatiente le magistrat.
All In, Mobilis, CNAS…
Sidi Saïd avait lui-même révélé en septembre 2018 qu’il souffrait d’un cancer, sans en préciser la nature, lorsqu’il avait annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête de l’UGTA, principale centrale syndicale alliée du pouvoir. Il était également suivi en Suisse pour une cardiopathie. Lorsqu’il se trouvait en Algérie, il pouvait compter aussi sur les soins prodigués par le professeur Rachid Bougherbal, ex-président de la Commission nationale d’étude des dossiers de transferts pour soins à l’étranger.
Depuis son départ à la retraite, en juin 2019, Sidi Saïd n’avait plus fait d’apparition publique et vivait reclus dans sa maison de Saoula. Il recevait peu de visites, confie son entourage. Épargné jusque-là par la purge politico-judiciaire qui vise l’entourage de l’ancien chef de l’État Abdelaziz Bouteflika, l’ex-patron de l’UGTA, qui a également longtemps présidé le conseil d’administration de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS), a été placé sous mandat de dépôt le 12 mai 2022 pour « abus de pouvoir, dilapidation de deniers publics, réception d’avantages indus et enrichissement illégal ». Il devait comparaître hier, après cinq mois d’instruction, devant le juge en compagnie de ses deux fils, Djamil, incarcéré à la prison d’El Harrach, et Hanafi, sous contrôle judiciaire, ainsi que de quatre cadres de l’opérateur de téléphonie Mobilis, filiale du groupe Algérie Télécom.
La justice s’est intéressée aux liens qu’entretenait son troisième fils, Ramine, propriétaire de l’agence publicitaire et de communication All In, avec Mobilis. Abdelmadjid Sidi Saïd serait intervenu pour que Ramine obtienne un marché d’environ 6 milliards de dinars (392 500 euros) portant sur la réalisation d’un programme télévisé qui n’a jamais été diffusé, ce que la justice considère comme un « gaspillage de deniers publics ».
Gestion des cotisations
La justice a également enquêté sur une supposée transaction douteuse entre l’une des entreprises appartenant à Sidi Saïd et une filiale du mastodonte Sonatrach active à Hassi Messaoud et Aïn Salah dans les domaines de l’ingénierie, de la logistique et de la location de matériels, ainsi que sur la gestion des cotisations des travailleurs versées à l’UGTA entre 2017 et 2019. La procédure s’appuie sur des rapports fournis par les enquêteurs des services de sécurité, qui ont épluché des centaines de dossiers saisis au siège de la centrale syndicale.
Si jusqu’à début mai 2022, Sidi Saïd n’avait jamais été inquiété par la justice, ce n’est pourtant pas la première fois que l’ex-syndicaliste, ami des patrons d’entreprises privées proches du cercle présidentiel, se présente devant un juge. En 2007, il avait reconnu avoir falsifié des procès-verbaux à l’insu des membres du conseil d’administration de différentes caisses nationales, permettant le dépôt de plusieurs milliards de dinars sur un compte de Khalifa Bank. « J’assume », avait alors rétorqué Sidi Saïd à la présidente d’audience Fatiha Brahimi tant il était certain qu’il garderait son statut de témoin dans cette affaire.
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