Nigeria : 520 millions de dollars pour transformer l’agriculture

Conformément à l’objectif qu’il s’est fixé de diversifier son économie, le Nigeria parie sur la transformation des produits agricoles à forte valeur ajoutée. Pour ce faire, le géant africain vient de lancer un programme de zones spéciales de transformation agro-industrielle. Concrètement, de quoi s’agit-il ?

Le Nigeria abrite plus de 70 millions de jeunes en âge de travailler, dont plus de 54 % sont au chômage. Ici, un ouvrier se repose sur des sacs d’oignons au marché Mile 12 à Lagos. © (Photo by Olukayode Jaiyeola / NurPhoto / NurPhoto via AFP)

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Publié le 26 octobre 2022 Lecture : 2 minutes.

Le 24 octobre, le Nigeria en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD) a officiellement lancé un programme de zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ).

Situées dans des zones rurales de huit États et entièrement soutenues par des infrastructures numérique et logistique, les SAPZ visent à permettre aux entreprises agroalimentaires et agro-industrielles de s’y implanter, afin de développer des chaînes de valeur pour certaines cultures jugées stratégiques : maïs, manioc, riz, soja, cacao, volaille et produits de l’élevage.

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En finir avec le chômage de masse

Ces SAZP sont conjointement financées par la BAD à hauteur de 210 millions de dollars, la Banque islamique de développement (BID), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) – ces deux derniers fournissent ensemble 310 millions de dollars –, ainsi que le gouvernement nigérian, qui y injecte 18,05 millions de dollars.

Cela devrait créer des millions d’emplois « de qualité » notamment pour les jeunes et les femmes.

Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, explique que ce projet « placera les entreprises à proximité des agriculteurs dans les bassins de production, soutiendra la transformation et la création de valeur ajoutée, réduira les pertes alimentaires, permettra l’élargissement de l’espace budgétaire et l’émergence de chaînes de valeur alimentaires et agricoles hautement compétitives.  » Et comme précisé par le communiqué de l’institution panafricaine, tout cela devrait créer des millions d’emplois « de qualité », notamment pour les jeunes et les femmes.

À noter que, selon le Bureau national des statistiques, le Nigeria abrite plus de 70 millions de jeunes en âge de travailler, dont plus de 54 % sont au chômage. D’ailleurs, selon les données de la Banque mondiale, l’agriculture, qui représente 25 % du PIB du pays, est le principal employeur du pays, avec 35 % de la population active qui s’y consacre. Pourtant, il s’agit jusqu’à présent d’une agriculture dite « de subsistance », avec 90 % des produits agricoles qui sont exportés à l’état brut.

Développer une économie indépendante du pétrole

Alors que la balance commerciale du pays est déficitaire (‑24 167,7 M€ en 2021 selon la Banque mondiale) et que l’insécurité alimentaire y est persistante, la transformation agricole semble être la voie du développement la plus pérenne. De plus, et comme a tenu à le souligner le président de la BID, Muhammad Al Jasser, le programme SAPZ permettra entre autres « de réduire l’inflation importée du prix des denrées alimentaires ». Pour rappel, en 2022, d’après le bureau national des statistiques, la hausse générale des prix des aliments au Nigeria était de  23,34 %. Son plus haut niveau depuis dix-sept ans.

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De son côté, le gouverneur de l’État de Cross River, Ben Ayade, a salué le caractère innovant du programme et a déclaré : « le programme SAPZ aidera le Nigeria à développer une économie indépendante du pétrole. Ce programme est en rupture avec les projets classiques que nous connaissons. »  Dans les faits, le Nigeria, devenu récemment le deuxième producteur de pétrole du continent, détrôné par l’Angola, peine à diversifier son économie. Comme l’a indiqué à Jeune Afrique Daniel Adeniyi Sodimu, analyste économique spécialiste de l’Afrique subsaharienne chez FrontierView, « il est essentiel de diversifier les exportations en s’éloignant du pétrole et des autres matières premières dont les prix mondiaux sont volatils ».

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