Relançons l’initiative de paix arabe
Ofer Bronchtein est président du Forum international pour la paix.
À ce jour, une seule initiative a apporté des éléments de réponse pour servir de cadre à une paix globale et durable au Proche-Orient : l’initiative de paix de la Ligue arabe, présentée à Beyrouth en 2002. Elle seule permettrait la fin d’un conflit qui n’a que trop duré entre les pays arabes et Israël.
Ce plan d’inspiration saoudienne propose à l’État hébreu la normalisation des relations avec les vingt-deux États membres de la Ligue arabe en échange d’un retour aux frontières de 1967. Les pays arabes demandent l’application des résolutions 242 (de novembre 1967 sur les territoires occupés) et 338 (d’octobre 1973 sur l’application de la résolution 242 et l’ouverture de négociations) du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que la création d’un État palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale et une solution négociée au problème des réfugiés palestiniens.
D’Ariel Sharon à Benyamin Netanyahou en passant par Ehoud Olmert et Tzipi Livni, les Israéliens n’ont exprimé aucun intérêt pour cette initiative historique. Les citoyens de l’État hébreu ne la connaissent pas. Aucun débat public sérieux n’a été engagé dans le pays. De leur côté, les pays arabes ne se bousculent pas pour promouvoir leur propre initiative.
À l’heure où l’écrasante majorité des pays membres de l’ONU a reconnu la Palestine en lui donnant le statut d’État non membre et où toutes les grandes puissances dénoncent la poursuite de la colonisation, tout en soutenant Israël dans son aspiration à la sécurité et à la reconnaissance par ses voisins, le moment est venu de passer à l’action.
Audace politique
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a réaffirmé son attachement à la paix. La grande majorité des Israéliens et de leurs leaders politiques reconnaît le droit des Palestiniens à la dignité, à la liberté et à l’indépendance. Car l’évidence gagne du terrain : seule la paix peut apporter la prospérité, la sécurité, la croissance et le développement aux pays de la région.
Il est temps que les acteurs de ce conflit fassent preuve de courage et d’audace politiques, comme le fit, en son temps, le président égyptien Anouar al-Sadate quand il effectua sa visite historique à Jérusalem pour affirmer sa volonté de paix et de normalisation des relations avec l’État hébreu. En s’adressant directement à l’opinion publique israélienne, il a créé une dynamique, convaincu les plus sceptiques, inspiré et ouvert la voie vers la réconciliation.
Seule la paix peut apporter la prospérité, la sécurité, la croissance et le développement aux pays de la région.
La normalisation des relations des pays arabes avec Israël ouvrirait une nouvelle ère pour la région, permettrait des échanges économiques, culturels, environnementaux et scientifiques sans précédent. Les Palestiniens en seraient les premiers bénéficiaires. Davantage de sécurité et de prospérité économique, mais aussi un meilleur système d’éducation et de santé alimenteraient le désir d’une paix durable. Le conflit israélo-palestinien ne serait plus l’otage ni le prétexte des extrémistes de tous bords.
Le Printemps arabe, bien qu’engagé dans un processus de transition semé d’embûches, traduit une volonté de changement, de progrès, de démocratie et de liberté. Le mouvement des Indignés en Israël, de son côté, est l’expression d’une volonté de changement des priorités nationales. Les Israéliens aussi demandent plus de justice sociale et aspirent à la paix.
Espoir
L’Union européenne vient de recevoir à Oslo le prix Nobel de la paix pour avoir définitivement aboli la guerre et créé un espace d’échanges, de liberté, de démocratie, et pour avoir rendu libre la circulation des biens et des personnes.
L’Europe, renaissant de ses cendres après le pire massacre organisé de son histoire – la Shoah -, a créé une Union de vingt-sept pays rassemblant 500 millions de personnes vivant aujourd’hui en bonne intelligence. L’Europe peut nous inspirer. Elle le doit ! Cette même promesse de paix est contenue dans l’initiative de la Ligue arabe. Ne l’enterrons pas ! Retrouvons les valeurs de générosité et de solidarité inhérentes aux peuples arabes et aux pays du pourtour méditerranéen.
Forces vives des révolutions arabes ou du mouvement des Indignés israéliens, des milliers d’hommes et de femmes de tous âges et de toutes conditions sont descendus dans la rue pour réclamer plus de démocratie, de prospérité, un partage plus équitable du pouvoir et des richesses. Seule la paix peut – comme en Europe – leur redonner l’espoir et délivrer définitivement la région de ses démons.
C’est pourquoi mon voeu pour 2013 est que la Ligue arabe reçoive le prochain prix Nobel de la paix.
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