Pétrole : le Nigeria à la recherche des 50 milliards de dollars perdus
Lamido Sanusi, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, vient de révéler que les comptes de la compagnie pétrolière nationale, la NNPC, présentaient un « trou » de 50 milliards de dollars sur deux ans. Où sont-il passés ?
La compagnie nationale pétrolière du Nigeria, la NNPC, n’a pas comptabilisé près de 50 milliards de dollars de recettes provenant de la vente de pétrole brut qui auraient dû être versés sur les comptes publics. C’est Lamido Sanusi lui-même, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, qui l’a indiqué dans une lettre en date du 25 Septembre, adressée au président Goodluck Jonathan, souligne l’agence Reuters.
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Vives critiques
D’après ce courrier, la NNPC a gagné 65,3 milliards de dollars grâce à la vente de pétrole brut entre janvier 2012 et juillet 2013, mais n’en a remis que 24% au gouvernement. Manquent donc 49,8 milliards.
La NNPC a déjà fait l’objet de vives critiques pour son manque de transparence et pour sa longue histoire de détournement de fonds à l’occasion de nombreuses enquêtes menées au cours des dernières années.
Goodluck Jonathan aurait sommé le dirigeant de la NNPC de lui fournir des explications, mais le porte-parole de la présidence n’a pas souhaité faire de commentaires sur les suites de cette requête.
Ce scandale augmente la pression sur le gouvernement de Goodluck Jonathan alors que les élections de 2015 se rapprochent.
Scepticisme
Certains internautes nigérians doutent cependant du véritable impact de cette révélation sur la scène politique nigériane. « Les Nigérians oublieront », regrette Nasidi Adamu Yahaya. Le compte parodique du président équato-guinéen Teodoro Obiang-Nguema, régulièrement soupçonné de malversations financières liées au pétrole, félicite son homologue nigérian pour son courage.
Dans une déclaration publiée le 10 décembre 2013, la NNPC affirme : « Cette allégation souligne l’incompréhension du fonctionnement de l’industrie du pétrole et du gaz, ainsi que des modalités de versement du produit des ventes de pétrole brut dans les comptes de l’Etat fédéral. » En effet, la compagnie pétrolière estime que les « fonds manquants » doivent en réalité provenir d’autres administrations, notamment celles en charge de la fiscalité pétrolière et des redevances, tandis qu’une autre partie de ces revenus a été investie dans le développement des champs pétroliers.
« Les Nigérians oublieront ! », regrette un internaute.
Transparence
Les exportations de brut et les taxes tirées des majors pétrolières représentent environ 80% des recettes publiques du Nigeria, deuxième plus grande économie et premier producteur de pétrole d’Afrique.
Dans un rapport publié en 2011, les ONG Transparency International et Revenue Watch (RW) ont établi que la NNPC détenait le record d’opacité parmi les 44 entreprises pétrolières nationales et internationales étudiées. En réaction RW a publié une liste de recommandations à destination de l’administration nigériane pour sortir de l’impasse pétrolière. Recommandations non-suivies d’effets pour l’instant, si l’on en croit la lettre de Lamido Sanusi.
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