Maroc : l’action JLEC sursouscrite près de sept fois

Opération réussie pour Jorf Lasfar Energy Company (JLEC). Les actions de la compagnie d’électricité marocaine, cotées pour la première fois à la bourse de Casablanca le mardi 24 décembre, ont été sursouscrites près de 7 fois. Cette opération permettra-t-elle à la place marocaine de sortir de sa torpeur ?

Avec ses six unités de production, dont les deux sites en cours de livraison, JLEC couvrira plus de 50 % de la demande nationale. © Taqa

Avec ses six unités de production, dont les deux sites en cours de livraison, JLEC couvrira plus de 50 % de la demande nationale. © Taqa

Publié le 24 décembre 2013 Lecture : 4 minutes.

Avec l’introduction en Bourse de Jorf Lasfar Energy Company (JLEC, filiale de l’émirati Taqa), premier producteur d’électricité privé du Maroc, la cloche a de nouveau résonné, le mardi 24 décembre, sur la place de Casablanca. La dernière fois qu’on l’avait entendue, c’était il y a près de deux ans. Deux années durant lesquelles aucun émetteur n’a sollicité le marché marocain, alors qu’à Tunis la Bourse a connu une année 2013 faste en accueillant huit nouvelles sociétés.

Selon les chiffres rendus publics lors de la cérémonie de première cotation de JLEC, l’action du groupe énergétique a été largement sursouscrite avec 14 949 465 actions demandées contre 2 234 638 actions attribuées (soit un taux de surscourcription d’environ 669%). Par ailleurs, le montant global souscrit a atteint 6,68 milliards de dirhams (près de 595 millions d’euros) pour 88 millions d’euros levés pendant la période de souscription, du 10 au 12 décembre.

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L’introduction de JLEC à la cote, bien qu’il s’agisse d’une faible proportion de capital (9,47 %) mis à la disposition du public, est la plus grosse opération depuis l’introduction du promoteur immobilier Alliances en 2008.

Optimisme

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De quoi susciter l’optimisme des analystes. « Le succès de l’introduction de JLEC pourrait provoquer une émulation et attirer d’autres sociétés sur la Bourse », estime Sébastien Hénin, gérant de portefeuille sur la région Afrique du Nord et Moyen-Orient chez The National Investor, une banque d’affaires basée à Abou Dhabi.

Pour Kaïs Kriaa, directeur de la recherche au sein du cabinet indépendant AlphaMena (Tunis), « la cotation de JLEC va apporter des volumes supplémentaires. C’est un signal positif pour la suite, mais d’autres introductions doivent suivre ».

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Avec JLEC, Casablanca comptera seulement 66 sociétés cotées, contre 67 à Tunis et plus de 200 au Caire. L’ouverture du capital de Marsa Maroc, une entreprise publique de BTP spécialisée dans l’aménagement portuaire, serait plus que bienvenue, mais aucun calendrier n’est pour l’instant fixé.

Autre bonne nouvelle pour Casablanca : l’augmentation des volumes d’échanges enregistrée en novembre. Ils ont dépassé les 4 milliards de dirhams (plus de 350 millions d’euros), soit une hausse de 5,35 % sur un an. Par rapport au mois d’octobre, le bond est encore plus significatif : + 72,4 % ! Pourquoi une telle hausse ?

Déclassement

Cela s’explique par le déclassement du Maroc, le 26 novembre, de l’indice MSCI Emerging Markets (qui regroupe les valeurs des pays émergents) à l’indice MSCI Frontier Markets. Automatiquement, les gérants de fonds spécialisés dans les pays émergents se sont alors désengagés du marché marocain et ont vendu leurs positions. « Environ 95 % des volumes ont concerné Addoha, Attijariwafa Bank et Maroc Télécom, les trois valeurs qui étaient dans l’indice MSCI Emerging Markets », confirme Sébastien Hénin.

Mais d’après les analystes, la rétrogradation du Maroc est à double tranchant. Il y a le côté positif : le poids du pays dans l’indice MSCI Frontier Markets est beaucoup plus important qu’il ne l’était dans la catégorie supérieure. Il se situe à 4,8 % du total des actifs de cet indice et regroupe huit valeurs (Maroc Télécom, Attijariwafa Bank, Addoha, BMCE Bank, Banque populaire, Lafarge Maroc, Managem et Wafa Assurance), contre seulement 0,1 % et trois valeurs dans l’indice précédent.

Les investisseurs étrangers qui ciblent les marchés frontières seront obligés de s’intéresser au Maroc.

Résultat : « Les investisseurs étrangers qui ciblent les marchés frontières seront obligés de s’intéresser au Maroc », estime Sébastien Hénin. D’autant qu’à partir du mois de mai le poids du Maroc montera à 7 %, ce qui en fera le troisième pays de l’indice, derrière le Koweït et le Nigeria.

Il y a ensuite l’aspect négatif : les capitaux investis dans les pays frontières sont cent fois moins importants que dans les pays émergents. « Une augmentation significative des volumes est donc peu probable », poursuit Sébastien Hénin. Or l’enjeu principal pour les dirigeants de la Bourse, c’est d’augmenter la liquidité et les volumes afin de la rendre attrayante.

Communication

Youssef Lahlou, gérant de portefeuille sur la région Maghreb pour Silk Invest, estime par ailleurs que « la Bourse doit faire des efforts de communication pour attirer les investisseurs étrangers et les particuliers marocains ». Pour cela, la place de Casablanca doit encourager la publication de notes de recherche en anglais et organiser davantage de tournées de présentation aux investisseurs.

Les dirigeants de la Bourse élaborent actuellement leur programme de promotion pour 2014. Son contenu devrait être connu avant fin février. D’après Kaïs Kriaa, l’un des points importants à revoir est « le manque d’information sur les sociétés marocaines, qui empêche de mettre régulièrement à jour les modélisations des analystes ». Une loi sur l’appel public à l’épargne prévoyant des publications trimestrielles d’indicateurs d’activité et l’obligation de dévoiler des rapports financiers complets a été adoptée en 2013, mais le décret d’application n’a toujours pas été signé.

La mise en oeuvre de ces mesures pourrait permettre de relancer le marché. D’autant que sur le plan macroéconomique la crise en Europe se stabilise et qu’au Maroc les prévisions de croissance du PIB non agricole sont positives.

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