Cameroun – Football : les ventes de maillot en berne après la rupture du partenariat avec Le Coq sportif
À un mois de la Coupe du monde au Qatar, les nouvelles tuniques des Lions indomptables, fabriquées par l’américain One All Sports, ne sont visibles nulle part et aucun aperçu du nouveau maillot officiel n’a filtré. L’ancien équipementier français a porté plainte pour « rupture abusive de contrat » à la fin de septembre.
Le visage fermé, Zobel Wansi accroche à contrecœur les maillots vert, jaune et rouge du Cameroun de la marque Coq sportif dans sa boutique. Depuis que le changement d’équipementier a été annoncé, les tuniques des Lions indomptables n’ont plus vraiment la cote, alors même que ces derniers affronteront le Brésil, la Serbie et la Suisse en phase de poules du Mondial 2022, qui aura lieu du 20 novembre au 18 décembre au Qatar.
« Nous avons fait des stocks importants de maillots avant la Coupe du monde », souffle le commerçant dans son échoppe, presque entièrement vouée aux Lions indomptables et située sur l’avenue commerçante Charles-de-Gaulle, à Douala. Le quinquagénaire se demande s’il parviendra à « en vendre un ou deux » dans la journée. C’est que, au mois de juillet, Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), a rompu le contrat qui liait cette dernière au Coq sportif jusqu’en 2023, arguant que l’entreprise française n’avait pas respecté ses engagements. Un mois plus tard, la Fecafoot s’engageait officiellement avec un autre équipementier, l’américain One All Sports.
Les nouveaux maillots toujours en attente
Mais à un mois de la Coupe du monde, les nouvelles tuniques ne sont visibles nulle part et aucune image du nouveau maillot officiel n’a filtré alors que Zobel Wansi dit avoir vu passer son chiffre d’affaires quotidien de 100 000 francs CFA (152 euros) à moins de 20 000. « Certains acheteurs se disent que les nouveaux maillots peuvent arriver à tout moment. Si le contrat avait été signé après la Coupe du monde, cela nous aurait au moins permis d’écouler les stocks », regrette Thomas Djingo, un autre vendeur installé sur l’avenue.
Dans la boutique de référence d’équipements sportifs à Yaoundé, City Sport, les maillots griffés Le Coq sportif attendent, comme ailleurs, de trouver preneur. Dans ce commerce pratiquement désert, la responsable reste dubitative quant au changement d’équipementier. « Est-ce confirmé ? », ironise-t-elle.
La marque au coq n’est pas restée inactive après la décision de la Fecafoot. Elle a porté plainte devant la justice française pour « rupture abusive du contrat » et « attend sereinement les décisions qui y seront prises », a indiqué, sans plus de détails sur le fond du contentieux, Le Coq sportif dans un communiqué le 27 septembre.
Limiter la contrefaçon
Imperméable à la polémique, Boris Essomba, jeune supporter de l’équipe camerounaise, arbore fièrement l’ensemble maillot et short des Lions indomptables confectionné par Le Coq sportif. « Le plus important, ce sont les couleurs », assure-t-il entre deux gorgées de bière dans un bar de Yaoundé. Avec ce changement d’équipementier, la fédération camerounaise veut « pouvoir tirer un meilleur profit de la vente des répliques des maillots des Lions indomptables », analyse Bouba Kaélé, spécialiste en marketing.
Après la signature du contrat avec One All Sports, la Fecafoot a lancé au début de septembre un appel d’offre « à l’attention des entrepreneurs souhaitant commercialiser le maillot des Lions indomptables sur le territoire national » et souligné qu’elle serait attentive à la « stratégie de limitation de la contrefaçon » des distributeurs sélectionnés. « L’idée est de contourner la contrefaçon en contrôlant le circuit de distribution des maillots au Cameroun, ce qui n’a jamais été le cas par le passé », a indiqué un responsable de la fédération qui a requis l’anonymat.
Les maillots contrefaits de l’équipe nationale de football du Cameroun constituent l’essentiel du marché même s’il est impossible à évaluer. Les produits « sont généralement importés parmi d’autres articles de Chine, de Turquie ou de Hong Kong sous l’appellation “articles divers d’habillement” », ce qui complique les contrôles, justifie un fonctionnaire des douanes également sous couvert d’anonymat.
Trois distributeurs officiels seront retenus à l’issue du processus de sélection mis en place par la fédération, qui devrait exclure les petits commerçants comme Zobel Wansi du circuit de vente des maillots de l’équipe nationale de football du Cameroun.
(avec AFP)
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