Au Ghana, Nana Akufo-Addo harcelé par sa propre majorité
Disposant d’autant de députés que l’opposition et confronté à une dégradation des résultats économiques, le régime du chef de l’État fait face des législateurs du parti au pouvoir qui réclament la tête de deux responsables des Finances.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 27 octobre 2022 Lecture : 2 minutes.
Il ne faut jamais parler trop vite. En 2017, le président ghanéen Nana Akufo-Addo avait émoustillé les panafricanistes de tout poil en labourant le sillon de Kwame Nkrumah, évoquant sa ferme intention d’affranchir son pays de l’aide au développement. Cinq ans plus tard, sa présidence en exercice de la Conférence des chefs d’États et de gouvernement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a écorné la dimension idéologique de son discours, et son appel au Fonds monétaire international (FMI) lui a attiré les foudres de ses propres partisans…
Au Ghana, l’inflation est actuellement estimée à 37 %, la croissance de l’économie nationale tend à la baisse, le cédi a perdu 14 % de sa valeur rien que la semaine dernière, la crise ukrainienne diffuse ses conséquences économiques délétères et le Parlement ghanéen s’apprête à entamer les débats sur un budget 2023 qui ressemble à un casse-tête. Non seulement ledit Parlement est partagé, à proportions égales, entre le Nouveau parti patriotique (NPP) d’Akufo-Addoet les opposants du Congrès démocratique national (NDC), mais les piques ne viennent pas seulement des rivaux du chef de l’État.
Calcul politicien ?
Ce 25 octobre, au moment où le responsable des parlementaires NDC avait déposé une requête en destitution du ministre des Finances, Ken Ofori-Atta, 80 des 137 élus du parti au pouvoir menaçaient de boycotter la session consacrée au budget, si ledit membre du gouvernement et son collègue délégué, Charles Adu Boahen, n’étaient, d’ici là, ni démissionnaires ni démis de leurs fonctions. Ces membres du groupe parlementaire majoritaire alertaient même qu’ils pourraient ne plus prendre part « à aucune activité gouvernementale ».
Selon le porte-parole des frondeurs majoritaires, Andy Kwame Appiah-Kubi, le titulaire du maroquin des Finances découragerait le secteur financier. Le ministre rentre à peine de Washington où il a négocié auprès du FMI un prêt controversé de trois milliards de dollars. Calcul politicien ? Les membres du groupe parlementaire se mettent au diapason des grognes populaire et commerçante, qui craignent des mesures d’austérité en pleine augmentation des prix. La semaine dernière, des vendeurs d’Accra avaient fermé boutique pour protester contre la flambée du coût de la vie.
S’il ne faut jamais parler trop vite, il ne faut pas non plus parler trop tard. Éreinté au milieu d’un second mandat présidentiel auquel il avait pourtant été élu dès le premier tour de scrutin, Nana Akufo-Addo devrait bientôt s’adresser à la nation sur la situation économique, si l’on en croit le ministre de l’Information.
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