François Hollande à Alger: sans heurts et sans reproches

Pour sa première visite d’État, François Hollande a séduit ses hôtes et su trouver le ton juste. Le début d’une nouvelle ère pour les relations bilatérales ?

François Hollande devant le Parlement algérien. © AFP

François Hollande devant le Parlement algérien. © AFP

Publié le 2 janvier 2013 Lecture : 2 minutes.

Le 19 décembre, le jour de l’arrivée de François Hollande, les Algérois ont craint le pire. Au moment où le président français foule le tarmac de l’aéroport, la Grande Poste, célèbre monument de la capitale, est ravagée par un incendie. Le protocole ayant prévu un accueil populaire autour de cet édifice néomauresque, construit par la puissance coloniale en 1910, la panique est à son comble. « Mauvais présage », répètent les Algérois qui se sont déplacés pour saluer le cortège officiel. « Décidément, rien n’est simple dans les relations entre les deux pays, soupire Nadia, étudiante à l’École supérieure de commerce. Leur avenir est otage du passé et voilà que le sort s’acharne… » Mais ces appréhensions sont vite balayées. Avec l’arrivée du cortège, la liesse reprend le dessus. Très chaleureux à l’égard de leur visiteur, les Algérois ont aussi fêté Abdelaziz Bouteflika, dont les sorties sont de plus en plus rares. Entre deux discours et quelques escapades dans les rues de la capitale et dans celles de la ville impériale de Tlemcen, François Hollande a mis les Algériens dans sa poche, réussissant à donner des regrets à la dizaine de députés islamistes (sur 462 élus nationaux) qui avaient boycotté son discours au Parlement.

Pour la première fois depuis l’indépendance, un président français a reconnu les souffrances endurées par le peuple algérien du fait de la colonisation. Mieux : si Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avaient déjà dénoncé le caractère profondément injuste de l’occupation, Hollande est le premier à avoir évoqué la torture. Éminent représentant de « la famille révolutionnaire » – les organisations et partis opposés à toute normalisation avec la France -, Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine (anciens combattants) a dû reconnaître « le courage de M. Hollande ». Pouvoir et opposition sont tombés sous le charme du « président normal », dont le discours a été souvent interrompu par des salves d’applaudissements. Retransmise en direct à la télévision et à la radio, son allocution a séduit une opinion qui semble croire à un nouvel âge des relations avec l’ancienne métropole.

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D’égal à égal

Quelques heures plus tard, le président français s’est envolé pour Tlemcen, où il avait choisi de s’adresser à la jeunesse algérienne. « C’est la première fois qu’un chef d’État étranger a une pensée pour notre enfance brisée », souligne Nadir, étudiant à la faculté de médecine, faisant allusion aux années de braise, celles de la décennie 1990 et de la barbarie de l’insurrection islamiste.

Concrètement et au-delà des discours, des accords économiques ont été signés, et des projets de « coproduction industrielle » lancés. Après les partenariats « gagnant-gagnant », voici le temps des partenariats « d’égal à égal ». De quoi satisfaire l’ego des Algériens.

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Cherif Ouazani, envoyé spécial à Alger

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