Maroc : Driss Lachgar, socialiste de choc
L’ancien ministre marocain des Relations avec le Parlement, Driss Lachgar, prend les rênes d’une USFP affaiblie. Sa recette pour guérir ? Une cure d’opposition.
À 58 ans, Driss Lachgar a été élu, le 16 décembre, premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), principale formation de la gauche marocaine, au terme d’un duel de second tour avec Ahmed Zaïdi, le chef du groupe parlementaire à la Chambre des représentants. Celui-ci a eu beau dénoncer des « pressions » et des « fraudes », la victoire de Lachgar n’a surpris personne. Pas même les déçus du scrutin qui ont annoncé aussitôt leur démission : Ali Bouabid, fils d’Abderrahim Bouabid, l’un des fondateurs du parti, Mohamed Lahbabi, compagnon de route de ce dernier, ou Montassir Sakhi, chef de file des ittihadis (membres de l’USFP) du Mouvement du 20-Février.
Il n’empêche : Lachgar est un militant apprécié par la base. Au lendemain de la nomination d’Abdelilah Benkirane au poste de chef du gouvernement, fin 2011, c’est lui qui a annoncé, en direct à la télévision, que l’USFP rejoignait l’opposition, brûlant la politesse au Conseil national, qui devait statuer sur la question. L’opposition : un âge d’or pour les socialistes, qui constatent que leur participation au gouvernement d’alternance, après 1998, s’est accompagnée d’une baisse de popularité continue.
Activisme
Lachgar avait déjà défendu cette ligne lors du congrès de 2008 – en vain -, avant de menacer de s’allier aux islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) contre le Parti Authenticité et Modernité (PAM). Cet activisme à tous crins lui avait valu un portefeuille ministériel en janvier 2010. Ministre chargé des Relations avec le Parlement, il s’était attelé à la tâche en songeant à l’époque où il était chef du groupe socialiste à la Chambre. Époque, aussi, où il croisait le fer avec El Mostafa Ramid, son alter ego du PJD, au sujet de la législation antiterroriste. Depuis l’arrivée des islamistes au gouvernement, Lachgar ne jure plus que par l’opposition frontale, avec, comme allié objectif, Hamid Chabat, le secrétaire général de l’Istiqlal.
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