Maroc-Suisse : la diplomatie des petits pas

Après avoir célébré l’année dernière le centenaire de leurs relations diplomatiques, le Maroc et la Suisse poursuivent, à leur rythme, leur coopération. Illustration avec une manifestation consacrée à l’horlogerie helvétique à Casablanca.

Othman Benjelloun (à g.), PDG de Bank of Africa, et Raymond Loretan, président de la Othman Benjelloun (à g.), PDG de Bank of Africa, et Raymond Loretan, président de la Fondation du Grand Prix de l’horlogerie de Genève. © DR

Soufiane Khabbachi. © Vincent Fournier pour JA

Publié le 28 octobre 2022 Lecture : 2 minutes.

Du 20 au 23 octobre, la Villa Roosevelt, à Casablanca, a accueilli l’exposition des 84 montres finalistes du Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Une première en Afrique pour la fondation à but non lucratif qui est à l’origine de l’événement. Grace ses parrains, dont la Bank of Africa, la manifestation est parvenue à réunir un casting prestigieux.

Bien conscient que ce type d’événement constitue également une plateforme de rencontres entre acteurs des secteurs privé et public, l’ambassadeur de Suisse au Maroc, Guillaume Scheurer, s’était personnellement investi pour attirer ces « Oscars » de l’horlogerie au royaume. Le président de la Fondation du Grand Prix de l’horlogerie de Genève, Raymond Loretan, est lui-même diplomate de carrière, et ancien ambassadeur de Suisse à Singapour.

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Soft power

Outre le PDG de Bank of Africa, Othman Benjelloun, qui conserve d’excellents souvenirs de ses études à l’école Polytechnique de Lausanne, d’autres personnalités du monde économique ont fait le déplacement à l’exposition, tels que le PDG de la Royal Air Maroc (RAM), Abdelhamid Addou, ou encore la présidente du groupe Diana Holding, Rita Zniber.

Cet événement intervient par ailleurs dans un contexte de bonnes relations entre Rabat et Berne – qui viennent de fêter le centenaire de leurs relations d’amitié et de coopération – depuis l’ouverture du premier consulat honoraire suisse à Casablanca, en 2021.

Un partenariat en partie porté par les échanges économiques. En 2019, avant la pandémie, les flux commerciaux entre les deux pays représentaient 600 millions d’euros, faisant ainsi du Maroc le troisième partenaire commercial de la Suisse en Afrique, rappelle Guillaume Scheurer.

Un chiffre qui reste toutefois relativement faible au regard du potentiel de la relation entre les deux pays, pointe l’ambassadeur, en poste depuis 2019, qui souhaite multiplier les interactions entre décideurs suisses et marocains, et qui voit à travers le royaume une porte d’entrée sur le continent africain.

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Pour ce faire, les représentations diplomatiques peuvent s’appuyer sur la Chambre de commerce Suisse au Maroc, une association à but non lucratif qui organise des événements et facilite les échanges entre acteurs privés et publics des deux côtés de la Méditerranée.

Neutralité

Autre avantage, la Suisse bénéficie de la proximité culturelle et linguistique avec le royaume liée à la francophonie, sans pâtir de l’image négative d’ancienne puissance coloniale dont souffre parfois la France, dont les relations avec le Maroc sont tendues depuis quelques années.

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Sur l’inévitable question du Sahara occidental, qui conditionne les relations de Rabat avec ses partenaires sur la scène internationale, Berne demeure fidèle à sa grande tradition diplomatique de neutralité. Convaincue cependant du bien-fondé du cadre de discussions multilatéral, la Suisse soutient une résolution du conflit sous l’égide de l’ONU, tout en saluant les « efforts sérieux et crédibles du Maroc » dans son plan d’autonomie proposé en 2007.

Mais alors qu’elle s’apprête à faire son entrée au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre non permanent pour la période 2023-2024, la Suisse pourrait être contrainte, lors des prochains votes sur le Sahara, de prendre position. Côté marocain comme côté suisse, toutefois, on assure pour l’instant que la question n’aura aucun impact sur la dynamique positive que connaissent les relations entre les deux pays. En attendant, la Confédération helvétique entend bien poursuivre ce qu’elle nomme elle-même sa « diplomatie publique ».

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