Délire ante mortem
Vivre ou mourir ? Telle n’est plus la question. Parce que nous allons tous mourir le 21 décembre, l’enjeu est désormais le suivant : que faire de cette mort collective, de cette fin du monde annoncée, paraît-il, par les Mayas dans leur calendrier ? Rien. Quand c’est fini, c’est bien fini. Adieu tout. Nous ne sommes plus rien, même si nous avons cru, tout au long de notre existence, être quelque chose uniquement en fonction de ce que nous avons accumulé et du rôle que nous avons joué dans ce cirque permanent qu’est la vie. De l’orgueil, sans plus.
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Tshitenge Lubabu M.K.
Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.
Publié le 21 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.
Parce que nous allons disparaître le 21 décembre, j’aimerais bien savoir ce qu’en pensent les chrétiens. Voilà plus de deux mille ans qu’ils attendent le retour de Jésus le Christ, crucifié sous Ponce Pilate, enterré, ressuscité des morts le troisième jour, avant de monter au ciel où il est assis à la droite de Dieu, son père, en attendant le jugement dernier. Maintenant qu’ils vont mourir sans avoir vu Jésus, quatre jours avant sa date de naissance putative, à la suite d’un événement dont la Bible ne parle pas, iront-ils au paradis ou en enfer ? Je pose la même question aux juifs et aux musulmans.
Quant à moi, j’ai un seul voeu : qu’on en finisse ! Pourquoi attendre un jour de plus alors que le monde marche sur la tête ? On a beau nous répéter que notre planète est menacée à cause de notre incurie, les sommets sur le réchauffement climatique se suivent et se ressemblent : les pollueurs ne veulent rien entendre. On a beau claironner que la démocratie reste le meilleur des systèmes politiques, les « grands pays » continuent de se comporter tels des cow-boys en plein far west. Ils n’hésitent pas à envoyer des drones pulvériser leurs ennemis ou à déclencher et soutenir des guerres où cela les arrange. Ils prétendent garantir la paix dans le monde alors qu’ils sont cinq à avoir la mainmise sur le Conseil de sécurité de l’ONU, avec un droit de veto qui sert leurs propres intérêts. En plus, ce Conseil de sécurité se réunit souvent pour prendre des décisions sans aucune prise avec le bon sens le plus élémentaire. Un exemple ? Combien de fois n’a-t-il pas pris des « sanctions » contre des chefs de guerre – ces bandits armés qui terrorisent des populations entières, déstabilisent des pays, sèment la mort et la désolation – en leur interdisant de voyager, de disposer de leurs avoirs dans les banques tout en sachant que ces criminels ne voyagent pas, sauf dans des régions reculées, et qu’ils n’ont pas placé le moindre sou sur un compte à leur nom ? Messieurs du Conseil de sécurité, votre organe, qui fonctionne encore dans une logique absurde datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale, se moque du monde.
J’appelle le 21 décembre de tous mes voeux. Ce jour-là, je ne sais pas où je serai. Mais je ne résisterai pas au plaisir de voir le temps s’arrêter. Ce jour-là, nous serons tous égaux. Riches, pauvres, Noirs, Blancs, hommes, femmes, même malheur. J’aimerais bien voir le savoir des Mayas nous engloutir, nous anéantir. Peut-être qu’après nous un autre monde sortira des décombres. Une nouvelle humanité plus responsable que la nôtre. Mais ce jour-là arrivera-t-il ? Foi de mécréant, ce n’est pas demain la veille !
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