Le drame congolais

Alain Mabanckou, écrivain franco-congolais

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Publié le 18 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Dans Les Ressources naturelles dans les conflits armés en République démocratique du Congo, l’universitaire Félicité Kourra Owona Mfegue nous rappelle comment la plupart des conflits en RD Congo tournent autour de l’exploitation des richesses naturelles. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Entre les contacts européens et arabes qui motivèrent les conquêtes territoriales, la période de l’État libre du Congo et le Congo indépendant, ce vaste territoire aura été l’objet de tous les appétits orientés vers l’exploitation des minerais. Le roi des Belges instaura un règne dans lequel il s’appropria toutes les terres et jeta son dévolu sur l’exploitation du caoutchouc, de l’ivoire et du latex. Et, pour rembourser les coûts de ses investissements, il céda une bonne partie des terres aux compagnies privées, chargées de lui reverser une redevance contre le droit d’exploitation des richesses du sous-sol.

Les Congolais militèrent plus tard pour une rétrocession de ces richesses. Les élans de sécession du pays furent dictés par le souci du contrôle de ces richesses – la région diamantifère du Kasaï réclamant son autonomie afin de contrecarrer la politique marxiste de Lumumba. La crainte de certaines entreprises privées de se voir retirer leur « monopole » expliqua l’ingérence des forces extérieures sous la forme d’un coup d’État qui allait porter Mobutu au pouvoir. Celui-ci nationalisa ces richesses à son profit dès 1966.

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Dans les années 1970, avec la crise économique, Mobutu expropria les étrangers dans le cadre de sa politique de la « zaïrianisation », mais « le Zaïre se retrouve au même point qu’au moment de la décolonisation » au cours des années 1990. Le génocide au Rwanda eut des conséquences néfastes dans toute la région. Le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda, épaulés par les États-Unis soutinrent Laurent-Désiré Kabila à la suite du refus de Mobutu « d’accorder ou de conserver la nationalité zaïroise aux Banyarwanda qu’utilisent le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda ». Cela justifia l’intervention des forces extérieures dans le pays et la chute du dictateur renversé par Kabila en 1997 avec l’aide du Rwanda, du Burundi, de l’Angola, de l’Érythrée et des États-Unis alors dirigés par Bill Clinton.

L’ouvrage survole donc l’histoire du Congo jusqu’à la période actuelle. La guerre pour les ressources naturelles est une guerre à la fois du « dedans » et du « dehors », parfois non perceptible par les Congolais, qui devraient réfléchir à deux fois avant de s’entretuer. Un livre salutaire !

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