Ghana : John Dramani Mahama, président envers et contre tous

Ancien vice-président du Ghana, John Dramani Mahama a déjoué les pronostics en s’imposant au sein de son parti et dans les urnes, le 7 décembre. Son challenger, Nana Akufo-Addo, semble toujours décidé à contester les résultats devant la Cour suprême.

Le président du Ghana, le 10 décembre à Accra. © Gabriela Barnuevo/AP/SIPA

Le président du Ghana, le 10 décembre à Accra. © Gabriela Barnuevo/AP/SIPA

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Publié le 25 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Surtout faire comme si de rien n’était. Mardi 10 décembre, le Nouveau Parti patriotique (NPP, opposition) de Nana Akufo-Addo officialisait son intention de contester devant la justice les résultats de la présidentielle du 7 décembre. Quelques heures plus tard, le président John Dramani Mahama, déclaré vainqueur dès le premier tour avec 50,7 % des suffrages, constituait son nouveau gouvernement. Une équipe de 24 membres, dirigée par celui qui était jusque-là vice-président, Papa Kwesi Amissah-Arthur, et qui exécutera les affaires courantes jusqu’au 7 janvier, date de l’intronisation du président élu. Le candidat du Congrès démocratique national (NDC, au pouvoir) s’est ensuite envolé pour Malabo, où il a participé au 7e sommet des chefs d’État et de gouvernement d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).

Si pour le NDC il faut avancer, et vite, c’est parce qu’avec le recours déposé par l’opposition – une première dans l’histoire de la jeune démocratie ghanéenne – s’ouvre une période d’incertitude. Le parti d’Akufo-Addo estime qu’un certain nombre de résultats recueillis localement ne coïncident pas avec ceux annoncés par la commission électorale. Comme le prévoit la loi ghanéenne, une action en justice va donc être entamée. Il est encore difficile de dire si le NPP dispose d’arguments solides. Son objectif est de convaincre les tribunaux électoraux que la fraude a été assez répandue pour invalider la totalité d’un scrutin dont les résultats ont été jugés réguliers par les observateurs présents.

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Confortable

Pour Mahama, c’est un nouveau départ. Ayant dû assurer l’intérim au pied levé à la mort de John Atta Mills, en juillet, il avait été contraint de conserver l’équipe de son prédécesseur. « Il ne fallait froisser personne. L’important était de présenter un parti uni en vue des élections », explique un membre du NDC. Désormais, il a les coudées franches pour imposer ses hommes. La nomination de Papa Kwesi Amissah-Arthur, un technocrate respecté, ancien gouverneur de la Banque du Ghana, en est une première confirmation. « Le président sent qu’il peut travailler avec lui de manière confortable », confie Ben Ephson, un analyste politique proche du NDC. Des têtes devraient sauter, d’autant que des ministres importants ont perdu leur siège au Parlement (des législatives ont aussi été organisées le 7 décembre) et que leur position au sein du gouvernement est fragilisée. Ce succès électoral remet donc Mahama en position de force au sein du parti. Ses cadres savent qu’il est le grand artisan d’une victoire dont l’ampleur (300 000 voix d’écart) a surpris beaucoup d’analystes, qui estimaient que le bilan mitigé de l’administration Mills lui porterait préjudice.

Le chef de l’État est cependant attendu au tournant. Les Ghanéens veulent des réponses concrètes aux difficultés de leur quotidien, s’exaspèrent de ne pas profiter des retombées de la production pétrolière et du manque d’impact de la croissance sur l’emploi. Le leadership dont Mahama a fait preuve ces derniers mois va être également testé. Akufo-Addo a appelé ses partisans au calme, mais semble déterminé à prouver que les élections ont été truquées. Quelle que soit la décision de la Cour suprême, le président devra rétablir le dialogue avec l’opposition, faute de quoi il se retrouverait aux commandes d’un pays ingouvernable. 

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Vincent Duhem (@vincentduhem)

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