RDC : face à l’avancée du M23, la Monusco élève son niveau d’alerte

La rébellion du « Mouvement du 23 mars » a gagné du terrain samedi dans l’est du pays, conduisant la Mission de l’ONU à mobiliser les Casques bleus pour soutenir l’armée congolaise.

Des Casques bleus assistent à la cérémonie en l’honneur des soldats de la paix morts lors de violentes manifestations contre la Monusco, à Goma, le 1er août 2022. © Photo d’ALEXIS HUGUET / AFP

Publié le 29 octobre 2022 Lecture : 3 minutes.

Des habitants et responsables locaux interrogés au téléphone ont indiqué que les rebelles avaient pris le contrôle des localités de Kiwanja et Rutshuru-centre, situées sur la route nationale 2, axe stratégique reliant Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, aux villes du Nord et à l’Ouganda. Rutshuru-centre se situe à environ 70 km de Goma. Des rebelles du M23 sont également signalés à Rugari, à quelque 30 km de Goma, également sur la RN2. Entre les deux se trouvent, à Rumangabo, une grande base de l’armée congolaise et le quartier général du parc national des Virunga.

« Kiwanja et Rutshuru-centre sont entre les mains du M23. Les rebelles ont tenu deux meetings, ils ont dit à la population de vaquer à ses occupations et que les déplacés regagnent leurs villages, en affirmant que la sécurité était désormais garantie », a précisé Jacques Niyonzima, un représentant de la société civile, présent à Kiwanja.

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« Il y a eu quelques blessés à Kiwanja suite à une petite résistance », a indiqué de son côté un responsable de l’hôpital général de Rutshuru. Mais « le calme est revenu. Les gens commencent à circuler et à ouvrir les boutiques », a-t-il ajouté, sous couvert d’anonymat. En début d’après-midi, aucune information n’avait été communiquée sur ces développements par les autorités congolaises, civiles ou militaires.

Le M23, pour « Mouvement du 23 mars », a repris les armes en fin d’année dernière, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants. En juin, il s’est emparé de la cité de Bunagana, à la frontière ougandaise et, après plusieurs semaines d’accalmie, progresse depuis le 20 octobre à l’intérieur du territoire de Rutshuru, où les combats ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes.

« Répercussions graves sur la population »

Dans un série de tweets, la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) a dit samedi matin « condamner fermement les actions hostiles du M23 et leurs répercussions graves sur les populations civiles », en appelant le mouvement à « cesser immédiatement toute belligérance ». Elle précise avoir « élevé le niveau d’alerte de ses troupes, déployées pour soutenir les FARDC (forces armées de RDC) dans leurs opérations contre le M23. Elle fournit un appui aérien, du renseignement et de l’équipement ».

Les Casques bleus « sont mobilisés en soutien » aux FARDC, assure la Monusco, que beaucoup de Congolais accusent d’inefficacité face aux groupes armés qui terrorisent l’est du pays depuis près de trente ans. Les Casques bleus sont déployés en RDC depuis fin 1999. La force de l’ONU ajoute qu’elle « apporte aussi une assistance médicale aux soldats blessés et effectue des vols de surveillance et de reconnaissance au profit des FARDC ». Elle ajoute avoir mis en place un « Centre de coordination des opérations (CCO) » avec les FARDC.

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En novembre-décembre 2012, le M23 avait occupé Goma pendant une dizaine de jours, avant d’être vaincu l’année suivante par les forces armées congolaises et les Casques bleus, après 18 mois de guérilla. Sa résurgence a provoqué un regain de tension entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutien actif à cette rébellion. Un rapport non publié de l’ONU pointait une implication du Rwanda auprès du M23 et, cette semaine, un ambassadeur américain aux Nations unies a clairement évoqué « l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».

Le Rwanda dément et accuse en retour la RDC – qui nie elle aussi – de collusion avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement de rebelles hutu rwandais dont certains impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de surmonter la crise, sans succès jusqu’à présent.

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(Avec AFP)

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