France – Algérie : les hommes du dialogue
Souvent dans l’ombre, pas à pas, prudemment… Ils sont les acteurs du rapprochement entre le France et l’Algérie.
Comme à son habitude, François Hollande s’est appuyé sur une garde rapprochée pour engager sa stratégie de l’apaisement avec l’Algérie. Premier acte, son voyage en juillet 2006 à Alger. Il n’est alors que le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), très loin du statut de présidentiable. Avec lui : Pierre Moscovici et Stéphane Le Foll aujourd’hui ministres, la sénatrice Bariza Khiari, l’ancien sénateur Claude Estier, l’historien Benjamin Stora, et surtout ses deux amis Faouzi Lamdaoui et Kader Arif. Tous deux sont natifs d’Algérie (Constantine et Alger) et n’ont cessé d’alimenter leur patron en réflexions sur les relations entre les deux pays. Le premier est aujourd’hui conseiller à l’Élysée, le second ministre délégué aux Anciens Combattants. Arif et Lamdaoui ont également organisé les premières rencontres entre Hollande et l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Missoum Sbih.
Après son élection, le chef de l’État a alors envoyé des missionnaires. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin, nommé « émissaire spécial du président » par Nicolas Sarkozy, a été reconduit dans ses fonctions. Depuis, ce VRP de luxe a multiplié les voyages à Alger. En juillet dernier, le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, a donné le coup d’envoi des préparatifs avec une première visite dans la capitale algérienne, au cours de laquelle il a évoqué un « partenariat de grande dimension ». Se sont ensuite succédé Yamina Benguigui (Francophonie) – elle est d’origine algérienne -, Manuel Valls (Intérieur) et Arnaud Montebourg (Redressement productif) – son grand-père était originaire d’Oran. Quant à l’ancien ministre de l’Intérieur durant les années noires, Jean-Pierre Chevènement, par ailleurs président de l’Association France-Algérie, il y était allé début octobre. Le Lion de Belfort, aux nombreuses connexions au sein de l’appareil sécuritaire algérien, a eu un long entretien avec le président Bouteflika.
Ce dernier a également « missionné » des personnalités dans son entourage. Même si le dossier n’est pas officiellement inscrit sur la feuille de route de son gouvernement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est chargé de l’amélioration des relations avec Paris. Cela tombe bien, les officiels français le préfèrent à son prédécesseur Ahmed Ouyahia.
En succédant à Mohamed Benmeradi, le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Cherif Rahmani (photo ci-dessous), a hérité d’une des missions de son prédécesseur : être l’interlocuteur de Jean-Pierre Raffarin. Son pragmatisme, sa maîtrise des dossiers et son expérience des joutes internationales lui valent la confiance de Bouteflika.
Ambassadeur d’Algérie à Paris depuis novembre 2005, Missoum Sbih veille à désamorcer les tensions quotidiennes dans les relations franco-algériennes. À 76 ans, ce natif du Maroc, docteur d’État en droit de l’université de Paris Panthéon-Sorbonne, est réputé proche du chef de l’État dont il fut le conseiller juridique entre 2000 et 2005.
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