COP27 – L’hydrogène vert en Afrique : opportunités et risques

À quelques heures de l’ouverture de la COP27 qui se tient du 7 au 18 novembre en Égypte, Africa Practice appelle à la plus grande vigilance dans l’utilisation de l’hydrogène, les coûts de production pouvant se révéler prohibitifs.

Turbines de production d’électricité partiellement alimentées par de l’hydrogène vert, le 20 octobre 2022, dans le cadre d’un nouveau projet en vue du sommet climatique COP27 de novembre, à Charm el-Cheikh, en Égypte. © SAYED SHEASHA/REUTERS

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  • Richard Kiplagat

    Directeur général pour l’Afrique de l’Est chez Africa Practice, un cabinet de conseil stratégique panafricain, et vice-président du comité de plaidoyer de l’Africa Hydrogen Partnership (AHP), une association continentale œuvrant au développement de l’hydrogène vert

Publié le 5 novembre 2022 Lecture : 3 minutes.

L’hydrogène vert/décarboné suscite un engouement croissant, en raison de son potentiel comme vecteur d’énergie à faible teneur en carbone et ses applications dérivées.

Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), la demande mondiale d’hydrogène devrait atteindre 600 millions de tonnes d’ici à 2050, ou 12 % de la consommation énergétique, pour réaliser les objectifs d’émissions de l’accord de Paris. La production actuelle s’élève à 90 millions de tonnes, dont seulement 0,1 % produit à partir d’eau par électrolyse alimentée par des énergies renouvelables, c’est-à-dire vert.

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Solutions communes de financement

Sur le continent africain, une dynamique se met en place pour tirer profit de ce secteur encore émergent. En mai, le Kenya, l’Afrique du Sud, la Namibie, l’Égypte, le Maroc et la Mauritanie ont lancé l’Africa Green Hydrogen Alliance, au travers de laquelle ils entendent intensifier leur collaboration pour mettre en place des conditions propices à l’essor des projets d’hydrogène, notamment en harmonisant leurs cadres politiques et réglementaires, et en trouvant des solutions communes de financement.

L’intérêt de ces pays pour l’hydrogène s’explique par l’alignement entre leurs potentiel de production et leurs besoins socio-économiques. Tous disposent de sources d’énergies renouvelables abondantes – solaire, éolienne, géothermique et/ou hydraulique. Certains sont également riches en matières premières nécessaires à l’électrolyse, le processus de séparation de l’eau en hydrogène et en oxygène, tels que les métaux du groupe du platine, dont les réserves sont fortement concentrées en Afrique du Sud.

Le développement des ces ressources se doit d’être significatif. Une orientation en partie axée sur l’hydrogène promet des avantages aussi bien climatiques et énergétiques, pour les pays industrialisés et en voie d’industrialisation, qu’alimentaires. La production d’ammoniac à partir d’hydrogène vert est particulièrement intéressante en raison de ses différentes utilisations, allant du stockage et du transport de l’énergie à la production d’engrais.

De nombreux acteurs se positionnent sur le continent. Fortescue Future Industries envisage des projets au Kenya, en Éthiopie et en RDC, entre autres, en utilisant des sources géothermique et hydraulique. En Namibie, la société Hyphen Hydrogen Energy cherche à développer le premier projet intégré d’hydrogène vert du pays, en capitalisant sur ses ressources solaires et éoliennes, et en investissant quelque 9,4 milliards de dollars US, avec un objectif de production de 300 000 tonnes d’ici à 2030. Le gouvernement sud-africain, en partenariat avec Anglo American et Engie, étudie le développement d’une “vallée de l’hydrogène” allant du Limpopo au KwaZulu-Natal, couvrant le secteur minier, la production industrielle (fer, acier) et le transport.

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Des coûts de production élevés

Les concertations sur l’hydrogène réunissant gouvernements, institutions intergouvernementales et secteur privé se multiplient, avec des forums à Abidjan et Johannesburg le mois dernier, et prochainement à Charm el-Cheikh dans le cadre de la COP27. Depuis 2019, l’association sectorielle African Hydrogen Partnership (AHP) entreprend auprès des gouvernements la promotion du secteur.

Si les acteurs soulignent les atouts de l’Afrique, soucieuse de capitaliser sur la dynamique de la transition énergétique, ils rappellent également les contraintes et risques associés. Le développement de l’industrie nécessitera un financement important pour les centrales électriques, les installations de production et les infrastructures de soutien.

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Afin de débloquer les financements nécessaires, les gouvernements nationaux et locaux doivent développer des stratégies sectorielles et promulguer les lois et règlements qui permettront de lancer rapidement des projets économiquement et commercialement viables, alors même que les coûts de production de l’hydrogène vert restent élevés par rapport aux autres formes d’hydrogène.

Pour garantir la durabilité des investissements, ces gouvernements doivent aussi tenir compte de considérations telles que les pressions exercées sur les ressources hydriques, l’adhésion des populations, et l’adoption de modèles qui génèrent une valeur régionale et nationale plutôt que des systèmes orientés seulement vers les exportations, comme a pu l’être l’industrie pétrogazière.

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