Algérie : Amara Benyounes, étoile montante

Confirmée lors des scrutins du 29 novembre, la percée électorale du Mouvement populaire algérien (MPA) fait de son patron, Amara Benyounes, un acteur majeur de la scène politique.

Le MPA a remporté 6% des sièges aux assemblées communales. © J.A.

Le MPA a remporté 6% des sièges aux assemblées communales. © J.A.

Publié le 14 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Au vu des résultats des élections locales et régionales du 29 novembre, l’échiquier politique algérien reste nettement dominé par le courant nationaliste, incarné par l’ex-parti unique, le Front de libération nationale (FLN), et le Rassemblement national démocratique (RND, d’Ahmed Ouyahia). En revanche, l’intrusion dans le tiercé de tête du parti frais émoulu, le Mouvement populaire algérien (MPA, d’Amara Benyounes), conforte l’affirmation du courant moderniste. Cette formation née en février 2012 dans le sillage des réformes politiques post-Printemps arabe a réussi le tour de force de recueillir plus de 524 000 suffrages, faisant mieux que le Front des forces socialistes (FFS, de Hocine Aït Ahmed) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, de Mohcine Belabbas) réunis, qui incarnaient jusque-là le courant démocrate.

Troisième force

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Le MPA a désormais 1 493 élus communaux, dont 256 femmes, et 103 élus régionaux, dont 28 élues. Il dispose de la majorité absolue dans 12 communes, de la majorité relative dans 47, et se trouve à égalité de sièges dans 36. L’émiettement des voix dû à une explosion de l’offre (52 partis engagés) n’est pas pour faciliter la constitution d’alliances pour le choix du président de l’Assemblée populaire communale. Le MPA ne fait pas mystère de ses affinités politiques ; priorité sera donnée aux alliances avec les partis issus de la coalition gouvernementale : FLN, RND et Alliance nationale républicaine (ANR, du secrétaire d’État à la Communauté nationale à l’étranger, Belkacem Sahli). Bien qu’ex-membre fondateur du RCD et hostile à tout compromis avec l’islamisme, le secrétaire général du MPA – et ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville – précise que son mouvement est avant tout rassembleur et reste ouvert à toutes les sensibilités politiques, mais à la condition de partager le respect des valeurs de la république et de la démocratie.

« Il est urgent de rassembler la famille républicaine et moderniste », martèle Amara Benyounes, qui n’a pas le triomphe modeste : « Devenir la troisième force politique du pays n’est ni une surprise ni le fruit du hasard. Le MPA n’a pas fini de grandir. » Convaincu que son parti a comblé un vide dans la représentation des courants modernistes qui traversent la société, Benyounes explique son succès par le projet de société qu’il prône : une Algérie républicaine et démocratique, riche de sa diversité politique et culturelle.

Anti-islamiste

Ancien membre du staff de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika, en 2004 et en 2009, Benyounes soutient l’idée d’un quatrième mandat pour l’actuel chef de l’État si ce dernier décide de se représenter en 2014. « La limitation du nombre de mandats n’est pas un préalable à la démocratie, argue-t-il. Depuis soixante ans, la reine Élisabeth II est chef de l’État du Royaume-Uni, cela n’a jamais constitué un handicap pour la démocratie britannique. »

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S’il ne va pas jusqu’à s’attribuer le déclin électoral des islamistes, Benyounes s’en félicite et ne cache pas sa fierté de voir son pays emprunter d’autres voies que celle du Printemps arabe. « Nous ne voulons pas d’une démocratie produit de révolutions factices, imposées par l’Otan ou par les réseaux sociaux, et qui prend ses instructions auprès d’une pétromonarchie », assène le secrétaire général du MPA, qui relève le calme qui a prévalu lors du scrutin du 29 novembre en regard de l’instabilité et de l’agitation qui caractérisent les pays sur lesquels a soufflé le vent du Printemps arabe. Quant à la pétromonarchie en question, il s’agit bien sûr du Qatar. Hasard du calendrier, au lendemain de cette déclaration, le 3 décembre, Amara Benyounes s’est envolé… pour Doha, où il représentera le président de la République au sommet sur le réchauffement climatique. L’accueil risque d’être des plus frais…

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