Sénégal : Khalifa Sall, de la mairie de Dakar à la présidence ?
Au sommet Africités, qui s’est déroulé du 4 au 8 décembre dans la capitale sénégalaise, le maire socialiste de Dakar a été couvert d’éloges. Son action séduit même les libéraux. Au point que beaucoup voient en lui un futur présidentiable…
Avec Khalifa Ababacar Sall, « la relève est là ». C’est Nicéphore Soglo qui le dit. Le 4 décembre, l’ancien président béninois a profité de la tribune du 6e sommet Africités, qui s’est tenu à Dakar durant quatre jours, pour encenser le maire socialiste de la capitale sénégalaise. Il n’a pas été le seul à lui rendre hommage. Plusieurs personnalités qui ont présidé la cérémonie d’ouverture devant 5 000 participants ont elles aussi vanté « son dynamisme », notamment Bertrand Delanoë, le maire de Paris, et Macky Sall, le président du Sénégal. Le premier l’a pris en affection. Fin novembre à Abidjan, il a fait en sorte que l’édile soit porté à la tête du secrétariat général de l’Association internationale des maires francophones. Le second, pour l’heure, ne semble pas s’inquiéter de la rivalité que leur promettent les commentateurs politiques. Au contraire, aux dires d’un proche du président, les deux hommes s’entendent plutôt bien. Outre leur homonymie, ils ont en commun une réserve plutôt rare sur la scène politique nationale et l’obsession du résultat.
En avril, « Macky » avait proposé à « Khalifa » un poste de ministre de premier plan. Celui-ci a refusé. Officiellement pour poursuivre son oeuvre dans la capitale. Mais peut-être aussi parce qu’il sait qu’en 2017, s’il est candidat à la présidence face à « Macky », il lui sera ainsi plus aisé d’attaquer son bilan.
Certes, « Khalifa-la-relève » n’est plus tout jeune – 56 ans, cinq printemps de plus que le chef de l’État. Mais – est-ce son visage juvénile, sa silhouette athlétique, ou son activité incessante qui épuise ses collaborateurs ? – il semble ne jamais vieillir. C’est oublier qu’il y a vingt-huit ans il était déjà adjoint au maire de Dakar. Qu’il y a dix-sept ans il faisait son entrée dans le gouvernement de Habib Thiam. Et qu’il y a onze ans il était élu député. C’est aussi oublier que Sall compte quarante ans de militantisme au sein de la famille socialiste.
Transparence et dialogue
Il est vrai que cet enseignant de formation n’a réellement pris la lumière qu’il y a trois ans et demi. Nous sommes en 2009 : alors que Karim Wade brigue le vieil hôtel de ville qui domine le port de Dakar, c’est Sall qui l’emporte largement. La capitale aux mains de l’opposition : du jamais vu au Sénégal. Depuis, il imprime sa marque à la ville, multipliant les projets innovants et mobilisant les fonds pour la moderniser. Mais c’est surtout son action sociale qu’il met en avant. En trois ans, toutes les écoles ont été réhabilitées et plusieurs centres de santé ont vu le jour.
Il fait figure de favori à la succession d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du parti socialiste.
En prônant transparence et dialogue, en reversant les fonds de dotation en temps et en heure aux mairies d’arrondissement, il a conquis les membres du Conseil municipal. « Il a réussi sa mission, indique l’un d’eux. Pourtant, ça n’a pas été simple. Son action a sans cesse été torpillée par Abdoulaye Wade. »
Aujourd’hui, Sall compte peu d’ennemis – paradoxalement, les plus nombreux se trouvent au sein de son parti, où on lui reproche un « socialisme mou », alors qu’il fait figure de favori à la succession d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du mouvement. Même les libéraux sont séduits. « Il a complètement modifié le visage de Dakar », admet l’un de ses opposants. Un bon point dans un pays où tous les yeux sont braqués sur la capitale.
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