« Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique ! » : le Parlement français se donne en spectacle

Un député proche de Marine Le Pen a tenu, ce jeudi 3 novembre, des propos racistes envers un député proche de Jean-Luc Mélenchon. La séance de l’Assemblée nationale a été interrompue.

© Damien Glez

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Publié le 4 novembre 2022 Lecture : 2 minutes.

Jeudi 3 novembre. En pleine promotion d’un projet de loi restrictif sur l’immigration, le gouvernement français fait face aux députés. En présence de la Première ministre, Élisabeth Borne, un élu du parti La France insoumise prend la parole. Au micro, il évoque la situation de migrants actuellement bloqués sur un bateau humanitaire en Méditerranée. Un élu du Rassemblement national lance soudain : « Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique ! »…

Au-delà de la trivialité de la saillie de Grégoire de Fournas et du non-respect du protocole de prise de parole, deux détails rendent immédiatement la situation plus que « malaisante ». Premier point : né dans la ville française de Villiers-le-Bel, l’orateur mélenchoniste se nomme Carlos Martens Bilongo et a des parents d’origine congolaise et angolaise.

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Second point : si la langue française est réputée pour la richesse de ses nuances de vocabulaire, l’absence de genre neutre et la nature des conjugaisons rendent ambigu le cri inopiné du député d’extrême droite. Et les bandeaux des chaînes d’information en continu de tergiverser sur l’accord des mots incriminés…

Percer à jour le mystère linguistique

En anglais comme en allemand, les auditeurs auraient su, à l’oral, si la phrase était formulée au pluriel, auquel cas Grégoire de Fournas se serait adressé aux migrants présents sur le bateau évoqué, et non à son collègue français qu’il est explicitement raciste de ramener, dans l’hémicycle de la représentation nationale, à des origines familiales étrangères, en raison de son patronyme ou de sa couleur de peau.

Le spectacle de ce jeudi dégrade un peu plus l’image de la France dans le monde

Après la suspension de la séance des questions au gouvernement, et sans doute après un petit calcul stratégique, le député crieur refusera de présenter ses excuses à son collègue qu’il dira tout autant que lui « légitime » à siéger. Il dénoncera une « manipulation ». Il affirmera avoir bien formulé sa phrase au singulier, mais en évoquant le bateau qui devrait, selon lui, faire demi-tour vers le continent africain. Là encore, les langues anglaise ou allemande auraient permis de percer à jour le mystère linguistique…

Indécence

Avant de connaître l’éventuelle sanction qui pourrait être prononcée contre Grégoire de Fournas et au-delà de la récupération politicienne que le clan d’Emmanuel Macron fait déjà de cette affaire pour diviser des oppositions qui ont voté récemment une même motion de censure, le spectacle de ce jeudi dégrade un peu plus l’image de la France dans le monde.

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Ainsi, les députés français cèdent aux enfantillages de cour d’école, ne sachant ni attendre leur tour de parole ni se dénoncer immédiatement lorsque la présidente de l’Assemblée nationale demande : « Qui a dit cette phrase ? » Ainsi, les députés français, au mieux, font preuve d’indécence lorsqu’ils évoquent le cimetière marin qu’est devenu la Méditerranée. Ainsi, les députés du Rassemblement national, au pire, font craquer le vernis de leur dédiabolisation…

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