Chine : le « bol de riz doré » fait recette
Sécurité de l’emploi oblige, 1,5 million de Chinois ont présenté les concours de la fonction publique. Pour vingt mille postes à pourvoir.
À l’époque de Mao, le « bol de riz en fer » était synonyme de sécurité de l’emploi. Et puis les Chinois ont découvert les charmes vénéneux du capitalisme sauvage et la métaphore était passée de mode. Elle revient en force, mais le « bol de riz » n’est plus en fer, mais doré, comme en témoigne cette année l’affluence record aux concours de la fonction publique : près de 1,5 million de postulants pour vingt mille postes disponibles.
Officiellement, la Chine compte 7 millions de fonctionnaires. En réalité, on estime que 1 actif sur 2 est employé par l’État. Après les grandes purges des années 1980, 150 000 agents de la fonction publique sont recrutés chaque année. Ils viennent grossir les rangs d’une administration toujours plus pléthorique.
« Bien sûr, les salaires sont moins attrayants que dans le privé, explique Fu Jun, une jeune diplômée de l’université de Beida, à Pékin. Mais les fonctionnaires bénéficient de la sécurité de l’emploi et de nombreux avantages » : facilités d’accès au crédit, appartements à prix cassés, repas gratuits ou primes de transport. Le système porte le nom de Bian Zhi. Il fait manifestement rêver de nombreux jeunes. « C’est beaucoup moins stressant que dans le privé, commente un jeune fonctionnaire. J’ai accès aux meilleurs hôpitaux de Pékin et je peux voyager sans difficulté à l’étranger. »
9 400 candidats pour un seul poste
Du coup, les fonctionnaires ont la réputation d’être des privilégiés, souvent corrompus de surcroît. On les déteste et on les envie. Malgré un salaire moyen de 300 euros par mois, on recense globalement près de 75 candidats pour chaque poste. Mais cette année ils étaient 9 400 à concourir pour un seul emploi à pourvoir au sein du bureau d’État des statistiques. Et à Harbin (Nord), plus de 10 000 candidats ont postulé à l’un des 457 emplois de balayeurs municipaux en CDI. Parmi eux, 2 954 titulaires d’un master ! Il est vrai qu’en dépit du peu d’intérêt du travail et du faible salaire les balayeurs de Harbin ont droit à une pension de retraite deux fois supérieure à celle versée dans le privé.
« Ce n’est pas normal, peut-on lire dans un éditorial du quotidien Global Times. Si elle veut avancer sur la voie de la croissance, la Chine doit proposer à ses jeunes plus d’emplois attrayants. » En somme, elle doit remiser le « bol doré » au placard.
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