Tunisie – Législatives : qui sont les candidats ?
Régies par une nouvelle loi électorale et boycottées par certains des principaux partis, les législatives tunisiennes du 17 décembre auront une physionomie inédite.
Le 17 décembre, 1 058 candidats prendront position sur la ligne de départ des élections législatives tunisiennes. Parmi eux, 101 sont chômeurs, 44,4 % ont entre 46 et 60 ans et ne sont pas représentatifs des jeunes, et 122 seulement sont des femmes. Un nombre annonciateur d’une déroute de la parité dans l’hémicycle. Ils vont tous concourir pour arracher l’un des 161 sièges de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) correspondants aux 151 circonscriptions nationales, auxquelles s’ajoutent les 10 de l’étranger.
La mise à l’écart des partis politiques, l’affligeant spectacle donné par l’ARP lors de la législature précédente, le boycott du scrutin par une majorité de formations et un mode de scrutin uninominal font que les candidats au futur Parlement sont bien souvent des inconnus du grand public ou des personnes ayant plutôt une notoriété locale.
Une dizaine de candidats élus d’avance
Paradoxe du découpage électoral et de la perception des élections, certains postulants sont d’ores et déjà élus sans avoir fait campagne. Il s’agit d’une dizaine de candidats sans concurrents sur leur circonscription et qui, conformément à la loi électorale, seront automatiquement élus avant même que ne soient publiées les listes de candidats.
C’est le cas notamment de Sami Ben Abdelaali, ancien député indépendant représentant de la circonscription d’Italie, qui a ensuite rejoint le Bloc de la réforme, mais aussi de l’ancien député Hichem Hosni sur la Goulette (Grand Tunis). Pas moins de 6 sièges sur 35 sont déjà pourvus dans la capitale.
Parmi les rescapés de l’ancien Parlement dont l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a validé la candidature : Badreddine Gammoudi, dirigeant du mouvement Echaâb, favorable au projet de Kaïs Saïed et qui a présidé la Commission parlementaire de la réforme administrative, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption pendant la précédente législature.
On note aussi la présence de Imed Ouled Jebril à Souassi (Est) qui a été porté dans l’hémicycle en 2014 par Nidaa Tounes, avant de rejoindre le parti Qalb Tounes, puis le Bloc national. L’ancienne élue de Qalb Tounes passée au Bloc national, Amina Charfeddine, suit ses traces : elle se présente à la Chebba (Est) en ayant, depuis le 25 juillet 2021, rallié les rangs des supporteurs du président.
Inconditionnelle de Kaïs Saïed, Fatma Mseddi, ex-élue de Nidaa Tounes en 2014 et qui a révélé, avec d’autres députés, l’existence d’une officine secrète d’Ennahdha, a choisi de se présenter à Sfax Sud. Elle affrontera Mourad el-Madhi, un investisseur tenté par la politique.
Figures montantes
Des figures montantes font leur entrée dans le nouveau paysage politique. La plus emblématique est sans doute Brahim Bouderbala, l’ancien grand bâtonnier de l’ordre des avocats, qui avait épaulé le président Saïed dans son bras de fer avec la magistrature et participé à la commission chargée de la rédaction d’un projet de Constitution qui n’a pas été retenu. Avant le démarrage de la campagne électorale, il ne cachait pas son ambition de devenir président de l’ARP, rien de moins.
Dans un registre plus militant, citons Ahmed Chaftar, proche de Kaïs Saïed et farouche défenseur de la gouvernance par la base, un principe que, une fois élu, il entend mettre en place dans la circonscription de Zarzis (Sud). Membre de la campagne explicative du projet présidentiel, il reprend, pour expliquer son engagement, les mêmes arguments que Kaïs Saïed à l’annonce de sa candidature à la présidentielle : « J’aurai préféré rester un citoyen libre… Mais rester en dehors de l’Assemblée ne me permettra pas d’apporter ma contribution… »
Il aura à ses côtés le discret Faouzi Daas, directeur de campagne de Kaïs Saïed, puis membre de la campagne explicative, qui sera certainement l’un des plus représentatifs de ce nouveau courant qui veut s’émanciper du passé et du passif. Il risque néanmoins de croiser le chemin de l’avocat Mounir Ben Salha, défenseur de Ben Ali, mais aussi celui de différentes personnalités, notamment du show business.
Cette possible rencontre de deux jeunes candidats illustre on ne peut mieux un passé qui refuse de s’effacer et un présent qui peine à se dessiner. Ils feront sans doute sourire l’acteur et homme de théâtre Atef Ben Hassine, qui s’est découvert une vocation politique après avoir incarné des rôles de méchants dans des feuilletons de ramadan, entre en campagne comme on entre en scène, avec le slogan : « Pour la victoire du peuple. »
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