Algérie-Côte d’Ivoire : pourquoi le patronat algérien lorgne l’Afrique subsaharienne
Les représentants des patronats algérien et ivoirien ont profité de la réunion organisée fin octobre à Abidjan pour évoquer de nombreux projets communs. Une illustration supplémentaire de l’intérêt grandissant d’Alger pour le reste du continent.
Une délégation d’une vingtaine de chefs d’entreprise de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a séjourné, du 24 au 30 octobre, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pour une mission de prospection et de mise en relation des investisseurs des deux pays à l’occasion de la 10e édition de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) Academy, qui a vu la participation de 1 200 entreprises et de 28 organisations patronales principalement africaines.
Sur place, deux choses ont été convenues entre les partenaires algériens et ivoiriens : la création d’un Conseil d’affaires algéro-ivoirien et l’organisation d’un forum Algérie-Côte d’Ivoire au mois de mai 2023. Ce voyage a également été l’occasion de renforcer les liens de partenariat entre la CGECI et la CAPC. « Nous avons eu deux journées en bilatéral avec les dirigeants du patronat et l’Agence de la promotion de l’investissement en Côte d’Ivoire qui nous a présenté le cadre réglementaire, tout comme nous avons été reçus par le Premier ministre, M. Patrick Achi, ainsi que par plusieurs autres ministres », a expliqué Sami Agli, président de la CAPC.
Mise en relation d’entreprises, identification des filières et des opportunités, les chefs d’entreprise algériens ont également eu des discussions et des rencontres avec des organisations patronales de 28 pays issus de l’Alliance des patronats francophones (APF). Une mission en terre ivoirienne jugée « très prometteuse » par les patrons algériens, qui ont planché sur plusieurs axes de coopération dans différentes filières jugées importantes.
Profiter de la Zlecaf
« Dans les semaines et les mois à venir, beaucoup d’actions vont se concrétiser, comme des opérations d’exportation et la création d’entreprises. Aujourd’hui, la priorité est à l’Afrique, où le produit algérien trouve aisément un débouché. Il est plus facile de vendre en Afrique que de vendre en Europe, et nous allons redoubler d’efforts dans les prochaines étapes », résume Sami Agli, qui soutient également que l’Algérie se doit de profiter des accords à venir dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et de la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE) pour tenter de renforcer la présence des entreprises et des produits algérien sur le continent.
Des contrats ont déjà été signés et d’autres sont en voie de l’être, apprend-on auprès de la CAPC. C’est le cas notamment pour les matériaux de construction, où une première opération d’exportation de 30 containers va se concrétiser dans les prochaines semaines. C’est le cas également pour le café, pour lequel certains industriels algériens ont d’ores et déjà trouvé leurs partenaires et les sources directes de leurs matières premières sans avoir à passer dorénavant par les filières européennes.
« Une expertise avérée »
Plusieurs produits et filières pour lesquels « l’Algérie a une expertise avérée », comme les matériaux de construction, la céramique ou les produits sanitaires, suscitent un engouement en Afrique, selon le premier responsable de la CAPC. « C’est pareil pour tout ce qui touche au plastique. Nous avons des entreprises algériennes dans l’industrie du plastique qui ont déjà des partenaires et ont déjà envoyé leurs échantillons, mais nous sommes très loin du potentiel des échanges entre l’Afrique et l’Algérie, et cela nous interpelle pour redoubler d’efforts », poursuit Sami Agli.
Pour le patron des patrons algériens, c’est aussi une occasion de promouvoir la destination Algérie : « Nous ne voyons pas l’Afrique comme un marché mais comme un partenaire. Notre mission est de vendre des produits algériens, mais aussi d’attirer des industriels en exposant le nouveau cadre réglementaire mis en place récemment et qui définit les secteurs stratégiques tout en offrant une meilleure stabilité et une plus grande clarté des lois en matière d’investissement, de transferts des dividendes, de rachat d’entreprises, etc. »
Porteurs d’une vision qui se veut désormais pragmatique, les patrons algériens œuvrent au renforcement des opérations commerciales avec leurs partenaires, mais leur but, à terme, est d’arriver à s’implanter en Côte d’Ivoire. « Nos industriels ont atteint un niveau de maturité et d’expertise qui n’a rien à envier à ce que l’on trouve ailleurs et qui leur permet de s’installer là-bas et de transférer cette expertise à leurs partenaires africains dans une relation gagnant-gagnant », affirme Sami Agli, qui soutient, au passage, que l’Algérie doit profiter de ses atouts, comme la main-d’œuvre et surtout le coût de l’énergie dans le processus de production, qui est réellement un élément de compétitivité sur lequel le pays doit s’appuyer pour rattraper son retard.
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