Mamadou Sinsy Coulibaly : « Au Mali, l’État est faible, absent et brutal »
Homme d’affaires prolifique, connu pour son franc-parler, Mamadou Sinsy Coulibaly dresse un tableau sombre de la situation de son pays et prévient : si l’économie s’effondre, le régime d’Assimi Goïta s’effondrera lui aussi.
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Mamadou Sinsy Coulibaly, ancien président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), à Paris, le 28 octobre 2022. © Vincent Fournier pour Jeune Afrique
Élevage d’autruches, édition, immobilier, assurances ou transport aérien… Les affaires de Mamadou Sinsy Coulibaly sont aussi florissantes que variées. À 66 ans, l’entrepreneur malien qui, en 2019, s’était fait remarquer en qualifiant le président de la Cour suprême d’« arnaqueur notoire » n’a pas l’intention de s’adoucir. Dans une tribune signée au mois d’octobre, il décoche une salve de flèches à l’égard de la junte malienne, qu’il juge « belliciste ». Quant au soutien populaire d’une partie des Maliens dont elle bénéficie ? Une forme « d’hystérie collective », tance le businessman.
Déplorant une situation politique grippée et un déclin économique « très préoccupant », celui qui fut le patron des patrons maliens, à la tête du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), tient le régime transitoire de Bamako pour responsable de la dégradation de la situation au Mali.
Jeune Afrique : Vous avez récemment signé un texte très critique envers Bamako, reprochant aux autorités d’être « bellicistes ». Quel bilan tirez-vous de plus de deux ans de transition ?
Mamadou Sinsy Coulibaly : Je considère que ce qui se passe au Mali est très grave. Quand on observe les déclarations de nos dirigeants, c’est à se demander où l’on va. Tout décline, l’économie est au plus mal, la société est de plus en plus divisée et la situation sécuritaire se détériore.
Pendant ce temps, les autorités multiplient les sorties et les actes belliqueux à l’égard des anciens partenaires et des voisins. Nous n’avons pas besoin de tout ce boucan qui nous détourne des vrais sujets. Au Mali aujourd’hui, l’État est faible, l’État est absent et l’État est brutal. Plutôt que d’apporter des solutions aux crises que nous traversons, il est lui-même source d’instabilité.
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