Environnement : le climat montré du Doha

La conférence onusienne s’est ouverte dans la capitale qatarie sur un constat alarmant. D’ici à 2100, la hausse moyenne des températures mondiales pourrait atteindre 4 °C. Avec de lourdes conséquences pour le continent.

À la conférence de Doha, le 26 novembre. © AFP

À la conférence de Doha, le 26 novembre. © AFP

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Publié le 6 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

La conférence des Nations unies sur le changement climatique s’est ouverte le 26 novembre, à Doha, sur un nouveau constat catastrophique : le réchauffement global se poursuit, et ses conséquences sur notre planète s’annoncent épouvantables. « L’année 2012 sera l’une des plus chaudes jamais observées depuis cent soixante ans », a lancé Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, quelques heures après le début des travaux dans la capitale du Qatar. « Le climat évolue sous nos yeux et continuera de le faire à cause des gaz à effet de serre », a-t-il ajouté, souhaitant que « ces informations soient prises en compte à Doha ».

Les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), autorité mondiale en ce domaine, montrent qu’une hausse des températures de 2,2 °C pourrait survenir d’ici à 2050 si les émissions mondiales de ces gaz nocifs se poursuivent au même rythme. Les 4 °C seraient même atteints d’ici à 2100. « Les communautés, les villes et les pays risquent d’être confrontés à de graves perturbations, dommages et bouleversements, et ces risques seront répartis inégalement. On peut supposer que les pauvres souffriront davantage et que la communauté internationale sera encore plus divisée et inégalitaire qu’elle ne l’est aujourd’hui », affirme pour sa part Jim Yong Kim, le président de la Banque mondiale.

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Fonds vert

Quand ce dernier évoque « les pauvres » et le renforcement des « inégalités », les regards se tournent vers l’Afrique. Au cours des trente à quatre-vingt-dix années à venir, le sud du continent pourrait être affecté par des sécheresses plus fréquentes et plus intenses. En Afrique centrale, « les températures extrêmes deviendront la norme tout au long de l’année », peut-on lire dans le rapport « Turn Down the Heat : Why a Four Degree Celsius Warmer World Must be Avoided » (« Baissons la température : pourquoi un monde de 4 °C plus chaud doit à tout prix être évité »), cosigné par les experts allemands de l’Institut de recherche sur l’impact du changement climatique de Potsdam et l’ONG Climate Analytics. Des pénuries d’eau en Afrique de l’Est sont aussi à craindre, ajoutent les auteurs de ce document alarmant.

Les Africains voudraient être entendus et obtenir des moyens pour se préparer à affronter les bouleversements climatiques.

Face à ces conséquences tragiques dont ils seront les principales victimes, les Africains voudraient être entendus et obtenir des moyens pour se préparer à affronter ces bouleversements. Et c’est évidemment au niveau des financements que le bât blesse. « Ils sont essentiels pour se mettre d’accord sur quelque chose », souligne le Gambien Pa Ousman Jarju, président du LDC, qui groupe les 48 pays les moins avancés. Voilà pourquoi le Fonds vert pour le climat sera de nouveau sur la table des négociations à Doha. Cela fait trois ans qu’on attend sa mise en oeuvre. En 2009, à Copenhague, les pays industrialisés s’étaient engagés à mobiliser près de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour aider les pays pauvres à limiter l’augmentation de leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux changements climatiques. Rien ou presque n’a été fait, notamment dans la mise à disposition de ressources financières en faveur de la prévention.

Négociations

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Selon la Banque africaine de développement (BAD), « l’Afrique n’a reçu que 435 millions de dollars en 2009-2010 ». Or « moins les émissions de gaz à effet de serre seront réduites – comme c’est le cas aujourd’hui -, plus les dépenses d’adaptation continueront de croître », avertit Pierre Radanne, conseiller des pays africains sur les négociations pour le climat. C’est le serpent qui se mord la queue. « Il devrait y avoir un processus transparent pour encourager les financements », estime le Malien Seyni Nafo, porte-parole du groupe des 54 États africains pour les négociations des Nations unies, qui confirme l’unité du continent sur ce dossier. Une attitude dont se réjouit Radanne. « Aujourd’hui, aucun accord international sur le climat ne peut être conclu sans les pays africains », soutient-il. Parviendront-ils pour autant à convaincre les États industrialisés de leur garantir un accès effectif aux fonds conventionnels ? La mission paraît difficile en cette période de crise, où les pays du Nord sont de plus en plus réticents à mettre la main à la poche. Dès lors, « l’hypothèse de lancer un appel à contribution aux pays du Golfe n’est pas exclue », avance Radanne. Le fait que les négociations se déroulent au Qatar, de plus en plus enclin à sortir son chéquier pour élargir sa sphère d’influence, pourrait faciliter la chose. Réponse d’ici au 7 décembre, date à laquelle s’achèveront les travaux de la conférence onusienne.

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