Djibouti Télécom ouvre le bal de la privatisation des champions nationaux
Encore en situation de monopole, l’opérateur historique s’apprête à ouvrir son capital. Un coup d’essai qui pourrait bientôt concerner d’autres champions du secteur public djiboutien.
Djibouti, contre vents et marées
Quarante-cinq ans après son indépendance, la petite République de 1 million d’habitants conforte son rôle de carrefour régional, où la tradition du « vivre ensemble – qui a tant fait défaut à ses voisins – semble intacte.
Déjà annoncée plusieurs fois par le passé, l’ouverture du capital de Djibouti Télécom semble cette fois bien confirmée. « Le processus est en cours, pour une décision qui devrait intervenir avant la fin de l’année », assure Ilyas Moussa Dawaleh, le ministre de l’Économie et des Finances.
L’opération porte officiellement sur 40 % du capital, « mais nous ne sommes pas dogmatiques », reprend le grand argentier du pays, sous-entendant que l’État pourrait vendre davantage. « L’objectif est de trouver un partenaire stratégique prêt à apporter toute son expertise pour assurer la transformation digitale de Djibouti ».
La mariée est belle et ne manque pas de prétendants. L’opérateur unique engrange chaque année une centaine de millions de dollars de bénéfices sur un marché certes limité mais captif et qui, surtout, dispose à sa porte d’une douzaine de câbles sous-marins (bientôt quinze selon les autorités djiboutiennes) qui connectent le pays et, au-delà, la Corne et l’Afrique au reste du monde. « Des infrastructures exceptionnelles sur lesquelles le moment est venu de capitaliser », insiste Ilyas Moussa Dawaleh.
Interconnexions et activités connexes
Djibouti Télécom connecte déjà les réseaux éthiopien, somalien et yéménite aux autres continents et veut en faire de même en direction du Kenya et de la région des Grands Lacs.
Pour jouer à terme le rôle de « hub numérique » qu’ils visent, Djibouti et son opérateur souhaitent développer dans le même temps des activités connexes, en particulier dans le stockage des données.
Ainsi, depuis 2013, le pays abrite le Djibouti Data Center (DDC), situé à quelques dizaines de mètres de la station internationale d’atterrissage des câbles gérée par Djibouti Télécom. Deux autres projets de ce type sont attendus prochainement, le premier dans la capitale, le deuxième à Obock, dans le nord du pays, puisque le projet présenté en 2019 par le français Telsam, associé à Djibouti Télécom et à Électricité de Djibouti (EDD) semble avoir survécu à la pandémie de Covid-19.
Une deuxième licence « dès 2025 »
Avec cette ouverture du capital, autorisée par une loi de décembre 2021, l’État djiboutien espère donc donner les moyens nécessaires aux ambitions de l’un des seuls fleurons de son économie capable, à l’égal de ses ports, de rayonner à l’international.
L’injection de nouvelles ressources financières va permettre à l’opérateur de remettre ses infrastructures à niveau, et d’être ainsi en bonne place dans la compétition qui s’ouvre, en même temps que le marché des télécommunications, dans la Corne de l’Afrique, et dans son propre pays, puisque le gouvernement entend accorder une deuxième licence « dès 2025 ».
Il sera alors temps de tirer les premiers enseignements de l’opération en cours et d’en mesurer les effets « pour le pays, pour les consommateurs et pour l’opérateur », conclut Ilyas Moussa Dawaleh.
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