Adoboli , chute d’un trader « modèle »

On lui prêtait toutes les qualités. Las, Adoboli a mis la banque UBS à deux doigts de la faillite. Le verdict est tombé : sept ans de prison.

Fils d’un diplomate ghanéen, il est le Jérôme Kerviel de la City. © AFP

Fils d’un diplomate ghanéen, il est le Jérôme Kerviel de la City. © AFP

Julien_Clemencot

Publié le 30 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Son visage poupin ruisselant de larmes, des sanglots dans la voix… À plusieurs reprises, Kweku Adoboli, 32 ans, l’ancien trader de la banque suisse UBS, aura perdu de sa superbe lors de ses huit semaines de procès. Condamné le 20 novembre à sept ans de prison après avoir fait perdre 2,3 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) à son employeur – un record à la City -, il a été reconnu coupable de fraude, mais acquitté des accusations de manipulations comptables. « Je ne me rendais plus compte de l’extravagance de mes paris », a avoué le jeune homme, effondré. Il devrait purger la moitié de sa peine en prison, diminuée d’une année déjà passée derrière les barreaux. En laissant Adoboli agir sans garde-fou, UBS a frôlé la faillite. La banque devrait elle aussi être sanctionnée pour son manque de vigilance et écoper d’une amende de plusieurs dizaines de millions de livres sterling.

Très intelligent, charmeur, Adoboli était en quelques années devenu un modèle au sein de la salle de marché d’UBS. En juin 2011, il avait reçu les félicitations de sa hiérarchie pour avoir réalisé un gain de 4,2 millions d’euros en une journée. D’abord recruté comme stagiaire à l’issue de ses études à l’université de Nottingham, ce fils d’un diplomate ghanéen aux Nations unies, arrivé en Angleterre à l’âge de 11 ans après une enfance passée en Syrie et en Israël, rongera son frein pendant trois ans avant d’être promu trader en 2006. Un an plus tard, Kweku, alors âgé de 27 ans, et son supérieur, de trois ans son cadet, gèrent un portefeuille de 33,9 milliards d’euros. « Nous étions deux gamins essayant de voir comment tout cela fonctionnait », raconte-t-il aujourd’hui. Rapidement ses revenus explosent : 95 000 livres (129 000 euros) en 2007, 195 000 en 2008, 360 000 en 2010.

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Sans foi ni loi

Pourtant, dès 2008, son ego le pousse à la faute. À l’instar du Français Jérôme Kerviel, trader de la Société générale condamné à rembourser 4,9 milliards d’euros à celle-ci, ses pertes sont d’abord minimes. Mais le jeune homme, décrit comme un joueur sans foi ni loi, âpre au gain, préfère les cacher en créant des comptes « parapluie », dans l’espoir de les effacer plus tard en vendant à contre-cycle. Si certaines de ses opérations rapportent de l’argent, un trou énorme se forme peu à peu. Les événements se précipitent courant 2011. Le 8 août, ses pertes atteignent 8,2 milliards d’euros alors que la banque pense être exposée à un risque de 1,6 million.

Perpétuellement sous pression – il a aussi accumulé plus de 100 000 livres de pertes à titre personnel -, le trader finit par craquer. Le 14 septembre 2011, il envoie un courriel à sa direction pour révéler l’ampleur du désastre avant d’être arrêté le lendemain. « UBS était ma famille, et tout ce que j’ai fait, c’était pour la banque »,  s’est-il justifié sans convaincre. 

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