À Djibouti, Tadjourah célèbre son nouveau sultan

Le 26 octobre, les Afars ont assisté à l’intronisation d’Ali Habib Ahmed, leur nouveau dardar. Un titre millénaire, dépassant de loin le rôle de chef spirituel qui lui est officiellement attribué. Reportage.

Le nouveau sultan de Tadjourah, Ali Habib Ahmed (d., en blanc), lors de son intronisation, le 26 octobre, et son vizir, Houmed Abdoulkader Houmed (g.). Le 26 octobre 2022, les Afars ont assisté à l’intronisation d’Ali Habib Ahmed à droite sur l’image), leur nouveau dardar. et son vizir, Houmed Abdoulkader Houmed (à gauche) © Olivier Caslin pour JA

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Publié le 13 novembre 2022 Lecture : 5 minutes.

Dans la zone de libre-échange de Djibouti, en juillet 2018. © YASUYOSHI CHIBA/AFP.
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Djibouti, contre vents et marées

Quarante-cinq ans après son indépendance, la petite République de 1 million d’habitants conforte son rôle de carrefour régional, où la tradition du « vivre ensemble – qui a tant fait défaut à ses voisins – semble intacte.

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« Que ceux qui sont debout s’assoient. Que ceux qui sont assis se taisent. » C’est par ces mots que commence le kukta, ce discours immuable qui, depuis bientôt onze siècles, annonce aux Afars de Tadjourah l’intronisation de leur nouveau sultan. À cette phrase, ils doivent répondre simplement : « Oui, nous avons entendu ». La dernière fois qu’elle a été prononcée, c’était en 1985, lors de l’intronisation d’Abdoulkader Houmed Mohamed, décédé en France en 2019.

Passée la période de deuil traditionnel – allongée par la pandémie de Covid-19 -, Houmed Barkat Siraj, le haut représentant du miglis (le conseil des sages), a pu, le 26 octobre dernier, prononcer par trois fois la formule rituelle, comme le veut l’usage, pour être certain que les Afars de Tadjourah et des alentours ont bien entendu le nom de leur 34e sultan.

Le nouveau dardar du plus ancien des cinq sultanats afars existant entre Djibouti, l’Éthiopie et l’Érythrée se nomme donc Ali Habib Ahmed. Il est secondé par son vizir, Houmed Abdoulkader Houmed, lequel, toujours selon la tradition, est le fils du sultan précédent : il s’agit de respecter l’équilibre et l’alternance entre deux des principales communautés du sultanat, les Dinité, sous-clan dont est issu le 34e sultan, et les Bourhento, celui de son prédécesseur. Chacune de ces deux tribus a désigné son candidat, qui a été “validé” par le miglis au début du mois de juin. Les sages ont également profité de cette occasion pour fixer la date de l’intronisation. Ce 26 octobre, la vacance du pouvoir traditionnel a donc pris officiellement fin.

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