Côte d’Ivoire – Affaire Mahé : le procès des militaires français s’ouvre à Paris
Quatre militaires français de l’ancien contingent « Licorne », basé en Côte d’Ivoire, sont accusés d’avoir tué l’Ivoirien Firmin Mahé, en 2005. Lors du procès qui s’ouvre mardi 27 novembre, le gratin de l’armée française va défiler à la barre.
Le procès devant la cour d’assises du tribunal de Paris de quatre militaires français de l’ex-contingent Licorne en Côte d’Ivoire accusés d’avoir tué par étouffement un présumé coupeur de routes, Firmin Mahé, au cours de son transfert à la prison de Man, le 13 mai 2005, s’ouvrira le 27 novembre et devrait s’achever le 7 décembre. Outre les quatre mis en examen (un colonel, un adjudant-chef et deux soldats), se succéderont à la barre huit généraux (dont Henri Poncet, à l’époque patron du détachement Licorne, et son supérieur, Bruno Cuche, ancien chef d’état-major de l’armée de terre), une demi-douzaine de colonels et… Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense de 2002 à 2007. Cette dernière fait par ailleurs l’objet d’une plainte déposée par les familles de militaires victimes du bombardement de Bouaké, en 2004.
Plusieurs témoins ivoiriens ont également été cités à comparaître, à commencer par Adèle Dito, l’ancienne maire adjointe de Bangolo, qui devrait déposer en faveur des accusés. Secrètement exfiltrée vers la France – où elle vit désormais – en novembre 2006, Dito a en effet toujours soutenu que Firmin Mahé, originaire de Bangolo, était un dangereux bandit. Une thèse totalement récusée par les proches de ce dernier, défendus par l’avocat d’origine camerounaise Fabien Ndoumou.
Problèmes de passeports
Une dizaine de membres de la famille de Mahé, dont sa compagne, Édith Zahe Die, et son fils de 8 ans, l’un et l’autre témoins de son arrestation, sont ainsi attendus au procès. Problème : si l’État français s’est engagé à les prendre en charge (billets d’avion, hébergement, restauration, frais de visas, etc.) pendant toute la durée des audiences, aucun d’eux ne disposait, à la veille de l’ouverture des débats, des passeports numériques ivoiriens obligatoires pour quitter le territoire.
« Rien n’a bougé. C’est le statut quo », déclare aujourd’hui Me Ndoumou. Il ajoute, amère : « Je trouve inconcevable cette disparité de traitement entre la partie civile et les prévenus. Surtout lorsque l’on voit qu’Adèle Dito est en France et prise en charge. » Fabien Ndoumou dit avoir écrit au président Alassane Ouattara pour lui demander son aide et n’avoir, pour le moment, reçu aucune réponse. Cités pour témoigner dès le 28 novembre, les membres des parties civiles pourront être entendus, au plus tard, à la fin de cette semaine. C’est donc une véritable course contre la montre qui s’engage, pour les proches de Mahé et leur avocat, qui affirme : « Je vais me battre pour que mes clients soient auditionnés, pour obtenir justice dans cette affaire. »
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