Mode : des podiums trop blancs au Brésil

Noirs et métis représentent 51 % de la population. Mais, dans les défilés de mode, les Black models brillent surtout… par leur absence. L’ONG Educafro s’efforce de remédier à cette anomalie.

Présentation de la collection Sacada, le 8 novembre, pendant la Rio Fashion Week. © SIPA

Présentation de la collection Sacada, le 8 novembre, pendant la Rio Fashion Week. © SIPA

Publié le 27 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Ils ont fait sensation lors de l’ouverture de la Rio Fashion Week, le 7 novembre. Torses nus, corps et visage peints et portant des vêtements ethniques, ils ont scandé des slogans du type « nous sommes un pays de Noirs ». Organisatrice de la manifestation, l’ONG Educafro est coutumière du fait. Son ambition ? Protester contre la présence notoirement faible des mannequins noirs et métis dans les défilés de mode – et dans la vie artistique et culturelle en général -, alors que la population brésilienne est composée à 51 % de non-Blancs.

Fondateur d’Educafro, le religieux franciscain David Santos estime que cette partie de la population reste largement défavorisée et s’efforce de faciliter son accès à l’éducation et au marché du travail. Le 29 août, un premier pas a été franchi. La présidente, Dilma Rousseff, a promulgué une loi réservant aux Noirs et aux métis des quotas à l’embauche dans les établissements publics. Mais dans la mode, le problème ne sera pas réglé par une loi. Beaucoup de top-modèles noirs affirment n’être appelés que pour des défilés ayant un thème « ethnique ». « Les agences qui embauchent des mannequins préfèrent des filles blondes à la peau blanche, car le Brésil est très influencé par la mode européenne », confirme une créatrice brésilienne qui a fait des études de stylisme à Paris. Franchement paradoxal, puisque les modèles noirs travaillant en Europe sont légion. Et qu’ils réussissent souvent de brillantes carrières internationales.

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Quota

En juin 2009, pour la première fois, la Fashion Week de São Paulo s’était vu imposer par les autorités fédérales un quota de 10 % de mannequins afros. Mais celui-ci n’a pas été maintenu. Directeur de la manifestation, Paulo Borges estime qu’il est « difficile d’obliger les créateurs, qui doivent pouvoir choisir les modèles en fonction de leurs créations, à embaucher 10 % de mannequins noirs ou métis ». En clôture de la Rio Fashion Week, la marque Oestudio a présenté le seul défilé avec un casting équilibré. « Nous sommes au Brésil, nous devons montrer toute notre diversité », a expliqué devant les caméras Anne Gaul, la styliste du groupe. 

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