Chine : bombe à retardement

En dix ans, Hu Jintao a fait de l’économie chinoise la deuxième du monde. Mais il laisse de redoutables problèmes non résolus.

L’ancien président dénnonçant la corruption à la tribune du congrès, le 8 novembre. © SIPA

L’ancien président dénnonçant la corruption à la tribune du congrès, le 8 novembre. © SIPA

Publié le 27 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Devant l’immense faucille et l’immense marteau dressés sur la scène du Palais du peuple, Hu Jintao n’a pas esquissé un sourire. Prononcé sur un ton monocorde à peine égayé par les applaudissements savamment contrôlés de quelque 2 200 délégués, son discours d’ouverture du 18e congrès du Parti communiste a pourtant duré une heure trente. Le secrétaire général sortant a évoqué les mânes de Mao Zedong et de Deng Xiaoping, mais à aucun moment il n’a prononcé le nom de son successeur, Xi Jinping. Ni même proposé un bilan de sa propre action ou tracé des perspectives d’avenir. « Après plus de quatre-vingt-dix ans de lutte ardue, notre Parti, en unissant et en guidant notre peuple multiethnique, a fait de l’ancienne Chine pauvre et arriérée un pays nouveau, toujours plus prospère et plus puissant », a-t-il lancé. Beaucoup de rhétorique, donc, mais peu d’idées nouvelles.

"Faible marge de manoeuvre"

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« Hu Jintao a voulu signifier que toutes les réformes à venir devront s’inscrire dans le cadre très strict du socialisme à la chinoise, explique le commentateur politique Chen Ziming. Il n’a laissé à Xi Jinping qu’une très faible marge de manoeuvre. J’espère que celui-ci a son propre agenda de réformes, car, dans le cas contraire, il faut s’attendre à une transition difficile, sinon à une crise. Ce discours, c’est une bombe à retardement. »

Hu Jintao (59 ans) est un homme discret doublé d’un habile manoeuvrier. C’est en 1982 qu’il est apparu sur le devant de la scène en prenant les rênes de la Ligue de la jeunesse communiste, l’une des principales factions du PCC. Vingt ans plus tard, il s’emparera de celles du pays tout entier. Il a construit sa présidence sur le thème de la lutte contre les inégalités et de la mise en place d’une « société harmonieuse ».

Inégalités

Dix ans plus tard, l’économie chinoise est certes devenue la deuxième du monde – ce qui n’est pas rien -, mais la société est plus inégalitaire que jamais et les réformes se font attendre. Net ralentissement de la croissance, perspectives de relance aléatoires, crise diplomatique avec le Japon et, surtout, multiplication des scandales de corruption… La dernière année de son mandat aura été celle des crises, de l’affaire Bo Xilai à la fortune cachée de Wen Jiabao, son Premier ministre.

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Que deviendra Hu Jintao dans l’ère Xi Jinping ? Écrira-t-il ses Mémoires, comme l’ancien Premier ministre Li Peng ? Quittera-t-il définitivement la scène politique, comme Zhu Rongji ? Ou continuera-t-il de jouer un rôle en coulisses, comme Jiang Zemin ? Ce nouvel acte du théâtre d’ombres qu’est souvent la politique chinoise reste à écrire. 

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