Cameroun : le King Bell, un roi pas comme les autres
Plus de cent ans après l’exécution de son bisaïeul, qui fut pendu par les Allemands, Jean-Yves Eboumbou Douala Manga Bell continue de se battre pour la reconnaissance des crimes de la colonisation.
Il est arrivé au siège de Jeune Afrique à Paris en tenue traditionnelle sawa, arborant deux colliers de cauris et de perles autour du cou. Jean-Yves Eboumbou Douala Manga Bell est l’héritier d’une dynastie « régnant » depuis 1792 sur une partie de la communauté Douala et il est venu parler de son bisaïeul, Rudolf Douala Manga Bell, pendu le 8 août 1914 par l’administration coloniale allemande qui l’accusait d’inciter les populations à la révolte.
Martyr originel
À 65 ans, le King Bell se bat pour faire reconnaître ce martyr originel dont sa famille et son pays « portent encore les stigmates ». Début octobre, il s’est rendu en Allemagne où il fut l’invité d’honneur de l’inauguration à Ulm d’une place Rudolf Douala Manga Bell, son lointain prédécesseur sur le trône du Canton Bell.
Si l’Allemagne a choisi de lui rendre hommage, c’est parce qu’avant de succéder à son père, Rudolf Douala Manga Bell effectua ses études dans cette ville du sud du pays. Devenu King Bell en 1908, il fait face à la brutalité des compagnies commerciales allemandes, qui souhaitent exproprier les populations pour construire des usines. Rudolf Douala Manga Bell s’y oppose et s’attire la colère du Reichstag. Il est jugé, condamné pour trahison et pendu.
Précurseur du patriotisme
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