M23 en RDC : violents combats à l’artillerie sur fond d’initiatives diplomatiques

L’armée congolaise et les rebelles du M23 continuaient de s’affronter ce vendredi dans l’est du pays, tandis que le président angolais, João Lourenço, attendu ce samedi à Kinshasa, arrivait au Rwanda pour rencontrer Paul Kagame. Et que des soldats kényans étaient dépêchés en renfort.

Patrouilles dans la zone de Kibumba attaquée par les rebelles du M23 lors d’affrontements avec l’armée congolaise, près de la ville de Goma dans l’est de la RDC, en juin 2022. © Guerchom Ndebo / AFP

Publié le 12 novembre 2022 Lecture : 3 minutes.

Le président angolais, João Lourenço, est arrivé ce vendredi au Rwanda pour rencontrer son homologue Paul Kagame. Il est attendu samedi à Kinshasa pour y rencontrer le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a annoncé la présidence congolaise. Alors que João Lourenço continue de chercher une solution diplomatique à la crise entre Kinshasa et Kigali, de violents combats ont opposé, ce vendredi 11 novembre, l’armée congolaise aux rebelles du M23 dans l’est du pays.

Dès le matin, des habitants du territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, se sont réveillés au son des tirs d’artillerie de l’armée congolaise contre des positions du M23, trois jours après des frappes menées par des avions Sukhoï-25 et des hélicoptères de combat Mi-24. L’un de ces habitants a fait état de combats à Rugari, localité située à environ 30 km au nord de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, qui marque depuis quelques jours la ligne de front entre les forces armées et le M23.

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Selon lui, les combats ont encore une fois provoqué la fuite de la population. « Je suis à Rumangabo [à 10 km au nord de Rugari], d’où nous entendons le bruit des bombes », a-t-il dit. Les tirs d’artillerie partaient du sud, de Kibumba, également sur la route nationale 2 desservant Goma, a précisé un autre habitant. Un char de combat et un camion de l’armée transportant des munitions ont été vus à la sortie de la ville, se dirigeant vers la zone des combats. « Les combats continuent à Rugari, nous progressons vers Rumangabo », a confirmé une source sécuritaire.

Des sources hospitalières ont fait état d’au moins 5 civils tués, dont deux jeunes enfants, et 11 blessés par les combats de ce vendredi 11 novembre. Dans l’après-midi, la fourniture en électricité de Goma, cité de plus d’un million d’habitants, a été perturbée après qu’une ligne reliant la ville à la centrale hydroélectrique de Matebe a été touchée par les combats, a indiqué son exploitant, Virunga Energies. Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déploré le pillage de cantines scolaires qu’il soutient dans des écoles de Rutshuru-centre et Kiwanja, deux localités sous contrôle rebelle.

Feuille de route

Le Mouvement du 23 mars (M23), qui a repris les armes fin 2021, a conquis plusieurs localités du territoire de Rutshuru, dont Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda. Après plusieurs semaines d’accalmie, les rebelles ont repris l’offensive le 20 octobre et étendu leur emprise vers l’ouest, occupant des localités sur la route nationale 2, que l’armée tente maintenant de reprendre.

Sa résurgence a provoqué un regain de tension entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa depuis le début de l’année de soutien actif à cette rébellion. Un rapport confidentiel de l’ONU pointait une implication du Rwanda auprès du M23 et des dirigeants américains ont également évoqué l’aide des Forces de défense rwandaises au M23. Mais le Rwanda dément et accuse en retour la RDC – qui nie elle aussi – de collusion avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement de rebelles rwandais.

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Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de surmonter la crise. L’une d’elles est conduite par le chef de l’État angolais, João Lourenço, qui préside la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Celui-ci est arrivé vendredi au Rwanda pour rencontrer son homologue Paul Kagame, et est attendu samedi à Kinshasa pour y rencontrer le président Félix Tshisekedi, suivant la feuille de route qui avait été établie lors d’un sommet négocié par l’Angola entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi en juillet pour mettre fin aux hostilités.

Contingent kényan

Le parlement kényan a par ailleurs approuvé mercredi le déploiement de quelque 900 soldats dans le cadre d’une force régionale est-africaine pour stabiliser l’est de la RDC. Les premiers militaires kényans sont arrivés ce samedi à Goma, avec pour mission de « mener des opérations offensives » aux côtés des forces congolaises et d’aider à désarmer les milices, selon le lieutenant-colonel Dennis Obiero. Il a également précisé que le contingent kényan travaillerait aux côtés des organisations humanitaires.

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L’ancien président du Kenya Uhuru Kenyatta, facilitateur désigné par la Communauté des États d’Afrique de l’Est, est quant à lui attendu à Kinshasa dimanche pour « une visite de travail de 48 heures », a annoncé la présidence de RDC.

(Avec AFP)

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