Cinéma : « Bousculades », un court-métrage qui rend hommage à l’autre soulèvement tunisien

En 1938, des prostituées participent à la révolte des Tunisois contre les autorités coloniales. « Bousculades » leur rend hommage.

Une histoire brève et violente servie par des actrices tout en subtilité. © AFP

Une histoire brève et violente servie par des actrices tout en subtilité. © AFP

Publié le 25 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Le 9 avril 1938, 10 000 hommes convergent vers le centre de Tunis pour réclamer des réformes et un Parlement tunisien. La manifestation s’achève dans un bain de sang. La Tunisie, sous protectorat français, compte ses premiers martyrs.

En quinze minutes magistrales, Bousculades installe cette tragédie dans l’atmosphère intimiste et orientaliste d’une maison close. Le court-métrage contourne la thématique banale du féminisme en mettant en scène l’implication de milliers de femmes anonymes, dont celle des filles de joie, dans la lutte pour l’indépendance. « Les années 1920-1930 m’intriguent, confie la coréalisatrice Saoussen Saya. Le rôle essentiel des marginaux a été occulté par l’histoire officielle. Réhabiliter ces femmes et ces hommes est une nécessité. »

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Interpellés par l’histoire et obsédés par l’image, Saoussen Saya (26 ans) et Tarek Khalladi (34 ans) ont choisi de porter un regard croisé sur ces événements, déterminants pour la lutte pour la libération nationale. Après des études de cinéma et un premier court-métrage chacun, ils présentent Bousculades lors des Journées cinématographiques de Carthage (lire encadré). « Saoussen, auteure du scénario, est plus dans le fond et moi dans l’esthétique », explique Tarek Khalladi qui avoue, comme Saoussen, avoir été troublé par les similitudes entre le passé et le présent. « En avril 1938, on exigeait aussi des libertés et une dignité nationale. La révolution de 2011 montre que l’histoire se répète », ajoute-t-il.

Résistance

Les femmes de l’ombre sont les héroïnes de cette journée particulière qui débute dans l’indolence et l’insouciance, oscille entre la délation et la résistance pour se conclure par un massacre des militaires français venus chercher, auprès des filles de joie, le repos du guerrier après les combats.

Une image superbe enchâsse cette histoire brève et violente servie par des actrices tout en subtilité. La maison close est une caisse de résonance où le passé réveille le présent. « Dans un contexte de troubles, l’esthétique ne sert pas à produire du beau ; c’est une mise en valeur du discours », précise Tarek Khalladi. 

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