Algérie : dans les pas de Bouteflika

À un an et demi de la présidentielle algérienne, Abdelaziz Bouteflika prépare sa succession. Il a remanié le gouvernement, revu sa feuille de route, et appelle à une réconciliation d’un nouveau genre. Celle des citoyens avec l’État.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika. © Reuters

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika. © Reuters

Publié le 23 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

En annonçant à demi-mot qu’il n’envisageait pas de briguer un quatrième mandat en 2014, le président Abdelaziz Bouteflika a créé une situation inédite en Algérie : la fin du bail du locataire d’El-Mouradia est connue avant la tenue de la présidentielle. Jamais pareil scénario ne s’était produit. L’opinion publique paraît déconcertée, et la classe politique interdite. D’autant que, maître du contre-pied, Abdelaziz Bouteflika trouve le moyen de dérouter. Alors qu’on imagine un chef d’État en fin de règne préparant sa succession et rédigeant un testament, Bouteflika, lui, a présenté une nouvelle feuille de route. Le 4 septembre, il a opéré un large remaniement du gouvernement, changé de Premier ministre et choisi Abdelmalek Sellal à la place d’Ahmed Ouyahia. De nouveaux partis ont fait leur entrée dans l’exécutif, mais la dimension politique importe peu quand il s’agit d’un gouvernement de mission.

Confiance

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C’est la définition qui est venue à l’esprit quand Abdelmalek Sellal a dévoilé, le 25 septembre, le plan d’action de son gouvernement devant la représentation nationale. Ce plan s’articule autour des préoccupations quotidiennes du citoyen. L’objectif est d’améliorer son cadre de vie, de préserver sa sécurité pour gagner sa confiance, et de mobiliser tous les moyens possibles afin de l’encourager à participer au processus d’édification du pays. Coeur de cible : la jeunesse, « pour lui redonner espoir en matière de formation, d’emploi et de logement », a affirmé le Premier ministre. L’ordre public, la sécurité des personnes et de leurs biens, ainsi que la lutte contre la corruption et les fléaux sociaux figurent également parmi les priorités de l’heure. « Il s’agit d’une réconciliation de notre société avec l’État et du citoyen avec son administration », a poursuivi Abdelmalek Sellal.

Opinion publique déconcertée, classe politique interdite. La situation est inédite.

Réconcilier administrés et administration ? Vaste programme, tant la bureaucratie semble avoir durablement brouillé les rapports entre gouvernés et gouvernants, et menace les efforts consentis pour le développement économique. L’administration constitue en effet un important rouage du système en place depuis l’indépendance. Sans doute moins influente que l’armée, elle est néanmoins dotée de terribles capacités de nuisance.

Dans les couloirs du palais de Saadane, siège du gouvernement, on ne semble pas découragé par l’ampleur de la tâche. « Il y a du boulot, soupire un proche collaborateur d’Abdelmalek Sellal. Cela dit, il n’y a aucune raison pour qu’un pays qui a réussi à sortir d’une quasi-guerre civile par un processus politique appelé Réconciliation nationale échoue dans sa tentative de réhabiliter son administration et de redynamiser ses services publics. » Comment ? Dans ses réponses aux députés, Abdelmalek Sellal assure que tous les moyens de l’État seront mobilisés pour la mise en oeuvre de sa feuille de route.

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En matière d’environnement, il dévoile un plan d’éradication des décharges sauvages, et promet la poursuite du démantèlement des marchés informels qui ont envahi l’espace public et empoisonnent la vie des piétons et des automobilistes.?Pour mettre fin aux délestages durant les périodes de grande chaleur, notamment dans les villes du Sud, un programme de réalisation de centrales électriques a été mis en branle. Pour faire face à la couverture des besoins énergétiques, en croissance constante, la construction de cinq raffineries et de 34 stations-service autoroutières a été envisagée. La mise en eau de 17 nouveaux barrages fera quant à elle passer le taux de raccordement aux réseaux d’alimentation en eau potable de 95 % à 98 %. S’agissant des problèmes liés à l’éducation, à la santé publique, aux transports et aux télécommunications, Sellal annonce la couleur : « Le programme économique du président de la République sera poursuivi jusqu’à l’atteinte des objectifs fixés. »

Menace

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Ainsi, au cours des dix-huit mois à venir, outre la généralisation du haut débit pour la connexion internet, plus de 304 nouvelles structures hospitalières et 1 168 établissements scolaires devraient être achevés. En matière de transports, les réseaux routiers et ferroviaires s’étofferont respectivement de 4 500 km et 2 200 km. Pour ce qui est de la crise du logement (lire pp. 90-91), qu’il qualifie de « sérieuse menace pour la stabilité du pays », le Premier ministre promet une enveloppe de 3 500 milliards de dinars, soit 34 milliards d’euros, destinée à la construction de 2,1 millions de logements au lieu du million prévu initialement par le programme présidentiel. Voilà pour la feuille de route. Pour le testament, on verra plus tard… 

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