Agressions, viols, enlèvements, immolations… le calvaire des femmes indiennes
Au pays du Mahatma Gandhi, la vie est souvent un enfer pour le « deuxième sexe ».
La nuit tombe sur Gauhati, dans le nord-est de l’Inde. À la sortie d’un bar du centre-ville, une jeune fille est molestée par une bande de jeunes désoeuvrés. Elle réussit à s’échapper, court le long d’une avenue encombrée de voitures et de bus, appelle à l’aide… Personne ne s’arrête. Très vite, elle est rattrapée par ses agresseurs. Son supplice va durer longtemps. Au bout de quarante-cinq minutes, la police débarque enfin et disperse les voyous (voir la vidéo ci-dessous).
Cette pénible scène a eu lieu au cours de l’été dernier. Filmée par un caméraman de la télé locale, elle a été diffusée dès le lendemain par les médias et a suscité la polémique dans tout le pays. Choqués par la sauvagerie de l’agression, journalistes et sociologues se sont gravement interrogés sur la condition de la femme indienne. Le rapport de la police a été rendu public. Il fait état de brûlures de cigarette sur les bras et la poitrine de la victime. Bien que leurs visages soient clairement identifiables sur les images diffusées, les agresseurs sont encore loin d’avoir tous été arrêtés.
Elle parvient à s’échapper et court le long d’une avenue en appelant à l’aide. Personne ne s’arrête.
Tentatrice
Cette indifférence policière n’a rien de surprenant. Elle est à l’image d’une société qui ferme trop volontiers les yeux sur les pires violences commises contre les femmes au sein même des familles. Dans l’affaire de Gauhati, le comble de l’insensibilité a été atteint par la Commission nationale pour les femmes, organisme officiel pourtant censé défendre les victimes. À en croire Mamta Sharma, sa présidente, tous les malheurs de la jeune femme tiennent au fait que, le jour fatal, elle était vêtue d’une jupe. « L’imitation aveugle de l’Occident par nos filles a pour conséquence d’éroder les fondements de notre culture et de provoquer ce genre d’agressions », a-t-elle déclaré à la presse. Bref, c’est l’inusable rengaine de la femme occidentalisée, et donc, forcément, tentatrice. On imagine les réactions des associations féministes !
La palette des exactions dont les Indiennes sont quotidiennement victimes est large. Il y a les violences sexuelles, bien sûr, mais aussi les immolations par le feu pour des affaires de dot ou l’infanticide des petites filles. Selon une étude de la revue médicale The Lancet, 12 millions de foetus féminins ont été supprimés au cours des trois dernières décennies. Du coup, il naît sensiblement moins de filles que de garçons : 914 pour 1000, selon le dernier recensement (2011). De même, l’augmentation du nombre des procédures engagées pour agression contre une femme se passe de commentaire : + 7,1 % entre 2010 et 2011. Selon les statistiques du National Crimes Records Bureau, ce n’est guère mieux pour les enlèvements (+ 19,4 %), les viols (+ 9,2 %) et les meurtres liés à une affaire de dot (+ 2,7 %).
Sordide
Les journaux regorgent d’anecdotes sordides. Au mois de juillet, la police a par exemple arrêté dans l’État du Madhya Pradesh un homme de 38 ans accusé d’avoir « percé des trous » dans les parties génitales de sa femme, qu’il fermait soigneusement chaque matin avant de partir au travail au moyen d’un cadenas. Dans le sud du pays, un dentiste obligeait sa femme à boire son urine, parce qu’il jugeait insuffisant le montant de sa dot. Même dans les rues de la capitale fédérale, les enlèvements ne sont pas rares…
Un sondage international réalisé auprès de 370 spécialistes des relations hommes-femmes classe l’Inde comme le pays du G20 le plus dangereux pour les femmes. Oui, oui, devant l’Arabie saoudite !
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