L’honneur perdu de Lance Armstrong

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  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 2 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Le 22 octobre, l’Union cycliste internationale (UCI) a rendu un verdict implacable : Lance Armstrong n’a rien à faire dans le cyclisme. Bravo ! Pour peu que vous vous intéressiez à la marche bancale du monde, cette sanction à l’encontre d’un coureur accusé depuis plusieurs années de dopage ne vous aura pas échappé. Le coupable – je n’irai pas jusqu’à le qualifier de voyou comme l’ont fait certains – n’est pas n’importe qui. L’homme qui a remporté sept fois, oui, sept, la compétition la plus prestigieuse de sa discipline, entendez le Tour de France, avait quelque chose d’inqualifiable, une espèce de charisme sous son regard perçant. C’est sans doute cette aura se dégageant de sa personne qui a poussé des millions de gens à travers le monde à s’intéresser à la petite reine, passant des journées entières à regarder la compétition sur le petit écran. Même si, vous en conviendrez avec moi, en termes de spectacle, le cyclisme ne vaut pas le football. Mais, des goûts et des couleurs, vous savez… Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, la perspective d’une victoire d’Armstrong était vécue comme un moment extraordinaire.

Hélas, à chaque victoire du Texan, les soupçons de dopage revenaient au galop. Personnellement, j’avais du mal à y croire. Car ma logique était toute simple : faut-il se doper pour gagner quand on est un coureur cycliste ? À supposer que ce soit vrai, on peut penser que tous les cyclistes ne s’en privent pas. Pris la main dans le sac, ils jurent que c’était à l’insu de leur plein gré. La belle formule. Quoi que l’on dise, je suis tenté de tirer mon chapeau au coureur américain. Dans un sport où la tricherie semble la norme, il a réussi, à sept reprises, à ne pas se faire prendre et à savourer ses victoires sur les Champs-Élysées. J’imagine la fureur contenue de l’organisateur du Tour de France. Celle aussi des adversaires d’Armstrong l’alchimiste, qui savaient qu’il savait qu’ils savaient, ce qui ne l’empêchait pas de les battre et de les narguer. Mais pouvait-il gagner sept fois s’il n’avait pas été le meilleur, le plus fort, même dans la façon de se doper ? À dopage, dopage et demi. Les autres coureurs, plutôt que de chercher, en vain, à le priver de maillot jaune, auraient dû revoir à la hausse la dose de leurs produits dopants.

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Peut-on encore parler de valeurs sportives après cet énorme scandale qui éclabousse avant tout l’UCI ? On accuse, en effet, ses dirigeants d’avoir fermé les yeux sur le cas Armstrong : ils ne voyaient rien, n’entendaient rien. C’était, vous vous en doutez, à cause de l’oseille que rapporte chaque compétition. De l’oseille, il y en a beaucoup dans le cyclisme, qui reste l’un des sports les plus sponsorisés. Allez savoir pourquoi ! Il est temps que l’UCI repense le cyclisme. Pourquoi ne pas organiser autrement l’épreuve en permettant aux coureurs, qui sont condamnés à pédaler des journées entières, de descendre du vélo pour marquer une pause ? N’est-ce pas cet effort surhumain qui pousse les pauvres coureurs à se doper, au mépris de l’éthique sportive ?

Armstrong est une lance qui a percé nos coeurs. Il n’est pas le premier et ne sera pas le dernier à décevoir. Mais pourquoi continue-t-il de nier l’évidence ? Avoue, Armstrong, avoue. Tu ne peux pas être Superman tous les jours. Le rêve est en miettes !

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