Collectionneurs – Bénin : Lionel Zinsou, jamais sans mes filles

Chez les Zinsou, l’amour de l’art et l’engagement sont des maladies familiales.

Noir, du Sud-Africain Bruce Clarke. © Fondation Zinsou

Noir, du Sud-Africain Bruce Clarke. © Fondation Zinsou

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 9 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Si c’est papa (Lionel, 58 ans, président du comité exécutif de PAI Partners et de nombreux autres conseils de surveillance) qui finance à 60 % la fondation, installée à Cotonou, c’est l’une de ses trois filles, Marie-Cécile, qui en assure depuis 2005 le bon fonctionnement. En sept ans d’existence, ce centre d’art dynamique revendique plus de 4 millions de visiteurs et une vingtaine d’expositions, mais aussi la publication d’une quinzaine de livres, la mise en place de cinq bibliothèques, la création de cent vingt emplois, des formations et une multitude d’interventions dans les champs culturel et social, le tout pour un budget annuel équivalent, en 2012, au prix d’une grosse voiture de luxe style Aston Martin One-77. « L’État béninois a promis de donner 60 000 euros pour la biennale d’art contemporain qui aura lieu ici du 8 novembre au 12 janvier, se réjouit Marie-Cécile Zinsou. C’est signe que quelque chose a évolué dans leur esprit… »

Fondation Zinsou

Nombre d’oeuvres : environ 1 000 pour la collection personnelle de la famille

Artistes : Cyprien Tokoudagba, Romuald Hazoumé, Aston, Tchif, Zinkpè, Seydou Keïta, J.D. ‘Okhai Ojeikere, Malick Sidibé, Frédéric Bruly Bouabré, Bruce Clarke, Joe Big-Big…

Localisation : Cotonou (Bénin), ouverte au public

Activités principales : expositions, activités pédagogiques, prêts

Directeur artistique : Marie-Cécile Zinsou

Entreprise : famille Zinsou

Site internet : www.fondationzinsou.org

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À distance d’une conception élitiste et absconse de l’art, la jeune directrice se dit engagée dans une démarche de développement. « Nous faisons des expos d’art pour montrer ce qui marche en Afrique, loin des clichés misérabilistes, dit-elle. On oublie trop souvent que les enfants ont aussi droit à la culture… » D’ailleurs, la fondation a largement évolué depuis sa création en multipliant les actions sociales comme la rénovation de services hospitaliers, pour lesquels elle reçoit l’appui de sponsors extérieurs de plus en plus nombreux. « La méthode recherchée est de réaliser des "actions témoins" susceptibles d’être répliquées avec le concours d’entreprises et de particuliers », peut-on lire sur le site de la fondation. Au départ, celle-ci est née de la passion des Zinsou pour l’art. Chez eux, tout le monde collectionne.

Basquiat

Si la fondation est de droit béninois, les quelque 1 000 oeuvres constituant la collection de la famille – dont l’un des trônes du roi Béhanzin – lui appartiennent en propre. « Nous avons déjà dû quitter le pays une fois, explique Marie-Cécile Zinsou. Il fallait que les oeuvres restent libres… » Libres pour pouvoir être montrées partout de manière satisfaisante. « Pour les expositions, je soumets toujours mes idées à mon père, à la famille, et j’essaie de les convaincre. Généralement, j’y arrive. Pour la collection, chacun décide. Moi, j’essaie de voir par rapport à la cohérence de l’ensemble, mais personne ne nous conseille dans nos choix. »

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Et si les oeuvres sont souvent prêtées à l’étranger, la fondation a les moyens d’en accueillir venant du monde entier, comme elle l’a déjà fait avec celles du peintre américain Jean-Michel Basquiat. Pour l’avenir, les projets sociaux et artistiques ne manquent pas. « Je cherche à rencontrer de jeunes commissaires qui pourraient apporter leur regard et travailler sur la collection », confie entre autres Marie-Cécile Zinsou, qui réserve pour 2014 quelques surprises sorties de son sac à malice. L’objectif reste inchangé : « Offrir une part de rêve. »

« Inventer le monde : l’artiste citoyen », c’est le thème retenu pour la biennale Bénin 2012 qui se tient entre Cotonou, Abomey, Porto Novo et Ouidah du 8 novembre au 12 janvier. Au programme : des expositions, des rencontres, un colloque, un livre… Et, surtout, des invités de marque : les plasticiens Adel Abdessemed, Georges Adéagbo, Frédéric Bruly-Bouabré, Soly Cissé, Nestor Da, Meschac Gaba, Gérard Quénum, Zinkpè, Tchif, etc. sous le regard tutélaire de Cyprien Toukoudagba, récemment décédé. Partenaire de l’événement avec l’Institut français, la fondation Zinsou, Le Quotidien de l’art et d’autres, Jeune Afrique reviendra sur le sujet prochainement.

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