RDC : dure (télé)réalité pour Marius Muhunga
Après cinq émissions, lâché par son sponsor, le producteur et animateur congolais a dû suspendre « Tout est possible ». Mais la star du petit écran n’a pas dit son dernier mot.
Médias : l’autre révolution
Se servir de sa notoriété pour aider les personnes en difficulté. C’est le pari relevé par Marius Muhunga, qui a lancé à Kinshasa, en janvier 2012, une émission de téléréalité baptisée Tout est possible, diffusée sur Congoweb TV jusqu’en avril. « Je me suis inspiré du reality TV américain Les Maçons du coeur, que j’ai adapté à la congolaise », raconte le producteur et présentateur vedette. Alors que la situation sociale ne cesse de se dégrader en RDC, Muhunga, directeur de la société de production audiovisuelle Pro-Image depuis 2009, a choisi, micro et caméra à la main, d’établir un pont entre les Congolais. « Le concept de l’émission consiste à sélectionner une personne parmi les nécessiteux puis à trouver, grâce à mon propre carnet d’adresses, un "parrain" pouvant lui venir en aide. »
Marius Muhunga, dit MM, s’est tourné vers un opérateur de télécommunications implanté en RDC (Tigo) pour supporter le coût de production et de diffusion de la première saison de l’émission. En échange, les potentiels bénéficiaires de l’émission devaient envoyer leur candidature et le résumé de leurs « difficultés quotidiennes » via les services de l’opérateur sponsor.
Il a adapté à la sauce kinoise le programme américain "Les maçons du coeur".
Les récits les plus frappants ont été retenus, diffusés et soumis aux donateurs pressentis. Tel celui de cette veuve, mère de cinq enfants, chassée par la famille de son défunt mari et qui vivait dans la rue depuis deux ans. « Elle a accepté de se laisser filmer dans sa situation et nous lui avons trouvé un bienfaiteur qui a réglé son loyer annuel et lui a versé 700 dollars pour lui permettre de démarrer une activité commerciale. »
La caméra de Pro-Image a également mis à nu le sort de Carlo Lekia, 20 ans, renvoyé par son oncle d’Italie, chez qui il avait grandi. Après trois ans de galère à Brazzaville puis à Kinshasa, il s’est vu offrir un travail grâce à Tout est possible. « L’émission a changé ma vie, reconnaît le jeune homme. J’ai été sélectionné, j’ai raconté mon histoire et, au vu de mes compétences, l’opérateur qui sponsorise l’émission m’a recruté comme designer dans son service de marketing », raconte-t-il.
Entre parenthèses
Durant quatre mois, de janvier à avril 2012, Tout est possible émeut le public congolais, mais ne fait pas les affaires du sponsor. L’aventure s’arrête après cinq émissions malgré son succès d’audience. MM doit trouver d’autres mécènes. Dès le mois de mai, il décide d’entamer une tournée en Europe en quête de financements, pour sensibiliser les Congolais de la diaspora à soutenir l’initiative. Son bâton de pèlerin le conduit à Paris, Bruxelles, Rotterdam et Lausanne. « Partout où je suis passé, les gens ont accueilli le concept avec enthousiasme, mais le soutien concret, financier, n’a pas suivi », déplore Muhunga, obligé de mettre entre parenthèses son émission. Le temps d’accroître encore un peu sa notoriété.
En attendant, il a été choisi pour animer la saison 3 de Vodacom Superstar, autre émission de téléréalité à succès, diffusée sur Télé 50, qui oppose pendant plusieurs semaines des talents en herbe de la musique congolaise. À la clé, pour le gagnant, l’enregistrement d’un titre aux États-Unis avec le chanteur américain d’origine sénégalaise Akon, parrain du concours – et coproducteur, via Akonic Entertainment. « C’est une bonne transition qui me permettra de rebondir », espère MM, qui a fait ses débuts avec Jeudi Marius (l’émission la plus suivie à Kinshasa entre 2000 et 2003) sur Radio Télé Kin Malebo avant de rejoindre la direction des programmes de Raga FM. Déjà reconnu parmi les meilleurs chroniqueurs musicaux de RDC (prix Muana-Mboka en 2009), à 37 ans, Muhunga reste convaincu que tout est possible, y compris quand il s’agit de trouver des financements, et compte bien reprendre les tournages de son émission rapidement.
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