Audiovisuel africain : l’art du divertissement
Du nord au sud de l’Afrique, la production audiovisuelle est en plein essor et a conquis les téléspectateurs. Avec des reportages, des talk-shows, des séries et des jeux entièrement conçus localement, ou presque.
Médias : l’autre révolution
Rares sont aujourd’hui les télévisions du continent qui ne proposent pas de programmes locaux ou régionaux, en particulier des séries télévisées, des jeux… sans oublier les désormais incontournables programmes de téléréalité que nombre de chaînes publiques et privées africaines tiennent à offrir à leurs téléspectateurs. Star Chef au Gabon, Lalla Laarossa au Maroc, Khaar Bii au Sénégal, African Football Dream Team en Guinée équatoriale, sans oublier les innombrables déclinaisons régionales et nationales d’American Idol ou de Britain’s Got Talent, comme Vodacom Superstar (lire p. 92). Les programmes se suivent mais ne se ressemblent pas tous.
Le plus beau mouton
Si dans Khaar Bii (« le bélier ») il s’agit d’élire le plus beau mouton du Sénégal et, donc, de récompenser son éleveur, Lalla Laarossa permet aux téléspectateurs marocains de voter pour le couple idéal. « Le concept de téléréalité ne me convient pas vraiment, Lalla Laarossa, c’est avant tout un jeu », rectifie Mohamed Ramzi, ex-animateur vedette du petit écran et coproducteur de l’émission, rappelant que la téléréalité consiste à filmer en continu des personnes vivant en vase clos. Or, au Maroc, comme dans la plupart des pays du continent, hors de question de mettre à l’antenne des programmes qui heurteraient la sensibilité des téléspectateurs.
Et la formule marche. Diffusée de mai à juillet dernier (neuf semaines) sur Al-Aoula (ex-TVM, la première chaîne de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision, SNRT), avec une émission quotidienne du lundi au jeudi à 21 h 45 et « un grand prime » chaque vendredi soir, la saison 7 de Lalla Laarossa a battu des records d’audience, de même que l’autre « jeu-téléréalité » produit par Ramzi, Comedia Show (pour détecter de nouveaux talents en matière de comédie), dont la saison 5 était diffusée sur Al-Aoula au premier semestre. Les deux programmes ont enregistré des pics de plus de 5,3 millions de téléspectateurs, soit plus de 52 % de part d’audience.
La proximité, ingrédient du succès ? « Oui, assure Mohamed Ramzi, mais la qualité aussi. Car les gens ont accès à ce qui se fait ailleurs, ils comparent. » Et si les programmes les passionnent, ils sont parfois atterrés par certains produits finis. « Des images floues, des films dont les scènes sont si mal coupées et montées que l’on ne comprend rien à l’histoire… ça finit par rebuter, explique N’dèye Sèye, étudiante sénégalaise en communication. Mais, franchement, les fictions africaines d’aujourd’hui, ivoiriennes, sénégalaises, nigérianes, etc., sont beaucoup mieux conçues qu’auparavant. »
Concept
Au point d’attirer les directions de programmes européennes et de susciter la création d’une chaîne consacrée aux productions africaines. Ainsi, début octobre, le groupe français Thema, déjà éditeur du « bouquet africain » (19 chaînes africaines francophones, plus de 140 000 abonnés), a lancé Nollywood TV, première chaîne entièrement consacrée aux films, séries et divertissements 100 % africains.
Pour roder le concept, Nollywood TV s’est dotée d’un fonds de 750 heures de programmes, principalement achetés en Afrique du Sud et au Nigeria (le nom de la chaîne est un clin d’oeil à la formidable industrie cinématographique de ce pays) et entièrement doublés en français, pour une exploitation en France et en Afrique francophone.
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