Hip Hop Symphonique avec Chilla, Bianca Costa, Davinhor… une septième édition au féminin
En novembre, la Maison de la radio a une nouvelle fois accueilli à Paris cet évènement situé entre rap, orchestre, gospel et humour. Diffusion le 11 janvier sur Canal+.
Pour la septième année consécutive, le concert produit par la radio Mouv’ a eu lieu à Paris, dans l’auditorium de la Maison de la radio, le 16 novembre. Au programme, des morceaux de Soprano, Fianso, Chilla, Kalash ou encore Gazo, interprétés avec l’Orchestre philarmonique de Radio France.
Présentée par l’acteur et réalisateur Jean-Pascal Zadi, cette édition ressemble à s’y méprendre à une cérémonie de remise de prix : « T’es habillé comme aux Césars », fait d’ailleurs remarquer le rappeur Fianso à Jean-Pascal Zadi, en costume et nœud papillon, lors de son passage à la répétition générale. Les artistes se succèdent au rythme des appels du public et à l’annonce de leur nom, chacun y allant de son petit mot pour remercier l’auditoire et les différents corps du projet.
Le comédien donne du liant à des éléments disparates, assourdis par le tumulte d’un public qui, s’il reste assis comme lors de toute représentation de musique symphonique, entonne allègrement les paroles comme dans un concert de rap.
Difficile pari que de trouver l’équilibre entre l’incarnation très personnelle de leurs textes par les rappeurs et l’ensemble des artistes représentés : l’Orchestre philarmonique de Radio France, dirigé par Dylan Corlay, le chœur gospel « Just another choir », les chansigneurs – interprètes des morceaux chantés en langage des signes – et l’ensemble musical The Ice Kream, dirigé par Issam Krimi. Pour parachever le tout, l’imposant Jean-Pascal Zadi – 1,93 m – rythme les entrées et sorties, prenant à partie le public et les artistes, et fredonnant lui-même des classiques du rap français, d’IAM à NTM en passant par MC Solaar.
Rendez-vous annuel
Si l’évènement était à l’origine une première, une rencontre unique entre orchestre symphonique et artistes de la scène hip-hop, il s’est à présent ancré dans l’agenda musical français, et les rappeurs s’essaient un à un à l’exercice. « Les artistes se le sont approprié, c’est devenu un endroit où ils viennent offrir quelque chose de particulier, explique Issam Krimi, directeur artistique du projet. Des rappeurs me disent parfois qu’ils ne veulent pas y participer tout de suite, qu’ils attendent le bon moment. »
Derrière ce projet, le claviériste, pianiste et compositeur Issam Krimi est lui-même un grand amateur de rap. « Le propre de ce genre, c’est d’être la musique de toutes les musiques, d’emprunter à tous les styles. » Le fondateur de Hip Hop Symphonique lance le projet en 2016, avec l’idée de faire se rencontrer plusieurs univers musicaux. Pour la première édition, les têtes d’affiche sont déjà au rendez-vous : MC Solaar, IAM et Youssoupha, entre autres. Depuis, l’évènement attire chaque année les noms les plus populaires de la scène rap française.
Pour mener à bien chaque année cet évènement dont l’unique représentation filmée est ensuite rediffusée par le Mouv’ et Canal+, Issam Krimi commence par se plonger dans la discographie des artistes. Puis il échange avec eux afin de sélectionner les morceaux qui seront joués puis orchestrés par le directeur artistique et la compositrice Camille Pépin. Les rappeurs doivent se réadapter au morceau modifié : « Je prends le temps de leur montrer comment j’ai rénové leur maison », explique le pianiste. La personnalité des artistes joue beaucoup dans l’interprétation sous forme symphonique. « Certains vont complètement se réadapter, d’autres rester dans leur couloir de natation. »
Rappeuses au programme
Chilla avait déjà foulé la scène de l’auditorium de Radio France en 2019 pour la quatrième édition de Hip Hop Symphonique, mais cette fois-ci, c’est en groupe que la rappeuse a notamment interprété « Ahoo » et « Gangsta’s Paradise », hommage au rappeur afro-américain Coolio décédé en septembre, au sein d’un quintuor composé de Bianca Costa, la Congolaise Davinhor, Le Juiice et la Franco-Gabonaise Vicky R. Les cinq artistes s’étaient déjà retrouvées dans le documentaire Reines, pour l’amour du rap de Canal+ en 2021. Elles ont d’ailleurs ouvert le concert avec leur titre, « Ahoo ».
Cinq rappeuses pour douze rappeurs, une présence féminine qui compte pour Issam Krimi. « C’est la preuve qu’on commence à faire de la place aux artistes femmes dans le rap français », explique le pianiste et compositeur de Hip Hop Symphonie. « En France, on a vraiment un problème avec la liberté artistique des femmes ». Les artistes féminines ont ouvert et clôturé l’évènement, mais la plupart des morceaux – douze des quatorze chantés – sont interprétés par des hommes.
L’évènement fait aussi la part belle à l’inclusivité, et pointe du doigt avec subtilité les discriminations raciales en France. Lorsque Franck Gastambide – réalisateur de la série Validé, consacrée au rap français – fait irruption sur scène, furieux de ne pas avoir été invité à l’évènement, sur un mode humoristique, Jean-Pascal Zadi réplique : « C’est fou comme les Blancs essaient de s’accaparer les blagues des Noirs. »
Le rappeur d’origine comorienne Soprano a également rendu un vibrant hommage au continent africain, en interprétant « Racine ». Consacré à « Africa, [son] amour », le morceau issu de son dernier album, Chasseurs d’étoiles, paru en 2021, revient sur le racisme dans le monde, et surtout en France : « Au pays des droits de l’homme, de l’égalité / Encore un jeune Noir au sol au journal télévisé. »
Le concert a été diffusé en décembre sur Mouv’, et le sera le 11 janvier sur Canal+.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Algérie : Lotfi Double Kanon provoque à nouveau les autorités avec son clip « Ammi...
- Stevie Wonder, Idris Elba, Ludacris… Quand les stars retournent à leurs racines af...
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- En RDC, les lampions du festival Amani éteints avant d’être allumés
- Bantous : la quête des origines