Cameroun – Em’Kal Eyongakpa : « Je pense être utile »
Em’Kal Eyongakpa a 31 ans, est artiste et vit à Yaoundé.
Cameroun : 1982-2012, de Biya à Biya
Em’Kal Eyongakpa vit et travaille un peu au milieu de nulle part. Pour atteindre son repaire sur les contreforts du mont Eloundem, au sud-ouest de Yaoundé, il faut dévaler une pente escarpée, non sans appréhender l’escalade du retour. Comment a-t-il déniché ces deux appartements mitoyens, qu’il loue, au fond de ce vallon marécageux et verdoyant ? Un sourire en coin, il tente une explication puis s’arrête, le souffle coupé par la magnifique vue panoramique. « Mon espace, c’est mon havre de paix. Ceux qui y mettent les pieds doivent le respecter, dit-il. Ici, je suis libre de rejeter tout ce qui est contraire à mes convictions. » Voilà qui est clair. Et nul ne passe la porte d’entrée s’il ne se déchausse.
Yves-Florentin Ndefo
30 ans, ingénieur en informatique à Yaoundé, célibataire sans enfant
« Il est urgent d’améliorer les formations proposées par nos universités si nous voulons être compétitifs. J’ai un jeune frère qui étudie la chimie, mais son diplôme n’est pas très coté auprès des laboratoires. Je souhaite que le pays développe aussi ses infrastructures de télécommunications. J’ai toujours voulu monter une web TV, mais le débit d’internet est trop lent. »
C’est ici que l’artiste imagine ses installations interactives multimédias associant photographie, vidéo, dessin, sculpture, poésie et sons. Ses photographies ou ses mises en scène traduisent ses expériences et ses observations. Elles lui ont également ouvert les portes de prestigieuses galeries (Baudoin Lebon à Paris), de festivals réputés (Rencontres de Bamako, Dak’Art, etc.) et permis de réaliser des résidences en Afrique du Sud. Connu à l’étranger, l’anglophone natif de Mamfé (province du Sud-Ouest) reste pourtant un quasi-inconnu dans son propre pays. « Les artistes sont très peu considérés ici. J’ai l’impression que la politique culturelle est élaborée dans le but de nous empêcher de travailler », regrette-t-il.
"Je ne vote pas"
Ses parents le préparaient à une carrière dans la médecine. À leur grand dépit, il choisit la botanique et l’écologie, qu’il étudie jusqu’au diplôme de maîtrise, avant de virer « extraterrestre », sourit-il.
Au Cameroun, il monte des « expos » avec Marilyn Douala Manga Bell, la patronne du centre d’art contemporain Doual’Art. Em’Kal vend ses oeuvres, gagne des prix et juste assez d’argent pour payer ses factures. Il aurait pu faire ses valises, mais non. « Je pense être utile ici, même si je suis choqué par la cohabitation entre la pauvreté et la bonne formation globale des gens. Les hommes politiques ne font pas leur travail. C’est pour cette raison que je ne vote pas. »
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Cameroun : 1982-2012, de Biya à Biya
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