Cameroun – Alain-Richard Chedjou Takam : « Je n’ai jamais douté »
Alain-Richard Chedjou Takam a 31 ans. Il est célibataire sans enfant, cadre dans une banque à Douala.
Cameroun : 1982-2012, de Biya à Biya
Jeune Afrique : Trentenaire et cadre dans une banque, votre parcours vous satisfait-il ?
Alain-Richard Chedjou Takam : Oui, mais cela n’a pas été facile. Après le bac, j’ai obtenu une licence et une maîtrise en communication et ressources humaines à l’université catholique d’Afrique centrale (Ucac) de Yaoundé. En 2006, j’ai eu la chance d’obtenir la bourse Emile-Boutmy qui m’a permis d’intégrer Sciences-Po Paris. En France, pendant ma scolarité, j’ai travaillé en alternance chez Schlumberger [multinationale de services pétroliers, NDLR] mais, diplôme en poche, je n’ai pas été retenu à cause de la crise financière.
Vous avez donc goûté au chômage…
Oui, mais en France, on peut faire des petits boulots. J’ai travaillé dans la restauration, trié le courrier… Qu’importe, dans la galère je n’ai jamais douté. J’étais bien formé.
Julie Ngango
29 ans, caissière, vit chez ses parents à Yaoundé avec son enfant.
« Il m’est déjà arrivé d’avoir envie de quitter le pays, car ici, seul le piston fait la différence. Mes parents m’ont payé des études, dont un BTS d’action commerciale à 650 000 F CFA [près de 1 000 euros, NDLR]. Mais je n’ai pas d’emploi stable. Je rêve d’offrir le meilleur à mon enfant et de créer ma propre entreprise d’import-export. »
Comment êtes-vous revenu au Cameroun ?
Un directeur des ressources humaines du réseau des anciens de Sciences-Po m’a conseillé de postuler dans les filiales des multinationales basées en Afrique. J’ai envoyé un CV au patron de la Société générale à Douala [la Société générale de banques au Cameroun (SGBC), premier établissement du pays], Jean-Philippe Guillaume, lui-même jeune et ancien de la rue Saint-Guillaume. Il m’a répondu et tout est allé très vite. Je suis rentré en juin 2010.
Comment avez-vous trouvé le pays à votre retour ?
Yaoundé s’était transformé en mieux, avec des espaces verts, des parkings payants, des routes propres. J’ai trouvé Douala un peu moins bien… Mais la qualité de vie est meilleure au Cameroun. J’adore Paris, mais la vie y est stressante. Ici, il y a la chaleur humaine, on se sent utile.
Donc tout va bien pour vous ?
Oui, il paraît que nous sommes le continent qui va tirer la croissance mondiale… Mais je m’inquiète de la vitesse à laquelle nous mettons en place nos projets de développement, de la corruption qui ne baisse pas malgré les procès et du fait que les jeunes ne rêvent que de fonction publique… L’État n’a pas vocation à enrichir les fonctionnaires ! Alors que le privé pousse à se fixer des objectifs, à s’améliorer.
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