Sylvain Andzongo : « Le Cameroun ne me fait plus rêver »
Sylvain Andzongo a 31 ans. Il est journaliste à l’hebdomadaire « Repères », à Yaoundé
Cameroun : 1982-2012, de Biya à Biya
Jeune Afrique : Comment êtes-vous devenu journaliste ?
Sylvain Andzongo : Par le plus grand des hasards. Après mon bac en 2001, je voulais être professeur de philosophie. J’ai décroché un stage à la radio, puis dans un magazine pour jeunes. Et là, surprise : je suis recruté et, en 2006, on me confie des responsabilités.
Poursuiviez-vous vos études parallèlement ?
Oui, en faculté de lettres anglaises [université de Yaoundé-I, NDLR], où j’ai obtenu une maîtrise en littérature du Commonwealth. Puis, en 2008, je suis reçu au concours de l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication [Esstic] ?de Yaoundé pour préparer un diplôme en journalisme. J’atterris à l’hebdomadaire Repères pour un stage, qui aboutit à une embauche.
Êtes-vous satisfait de votre début de carrière ?
J’ai un salaire mensuel de 110 000 F CFA [près de 170 euros]. J’arrondis mes fins de mois grâce aux consultations commanditées par des organismes nationaux ou étrangers. Cela me permet de payer mon loyer et les charges de mon appartement. Mais je ne me suis pas encore réalisé.
Pourquoi ?
Ce pays ne me fait plus rêver. J’appartiens à une génération sacrifiée. Les jeunes triment après leurs études. L’économie ne crée pas assez d’emplois. Ceux qui travaillent n’ont pas beaucoup de perspectives. Les postes sont occupés par des personnes de plus de 60 ans qui ne veulent pas entendre parler de retraite. Ces gens-là obtiennent des prorogations par décret, comme si les jeunes n’avaient pas la capacité de gérer et de gouverner. Où sont les députés âgés de 35-40 ans ? Pourquoi faut-il attendre au moins 50 ans pour être directeur général ou ministre ?
Il y a eu des avancées ces trente dernières années…
Je le reconnais. Un exemple : le statut des femmes. Elles réussissent dans tous les domaines : le barreau, la magistrature, l’armée, la médecine… Il n’existe plus de métier réservé aux hommes.
Vous arrive-t-il de douter de l’avenir ?
Non, car malgré tout nous construisons un vivre-ensemble harmonieux.?Cependant, je crains que le creusement des inégalités et l’aggravation de la pauvreté ne favorisent une explosion sociale.
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Cameroun : 1982-2012, de Biya à Biya
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