Sénégal : Béthio Thioune, le guide déroutant

Soupçonné d’avoir couvert deux meurtres, Béthio Thioune, le marabout iconoclaste, est incarcéré depuis avril. Au grand dam de ses disciples.

Cheikh Béthio Thioune a été écroué le 26 avril. © www.cheikhbethio.net

Cheikh Béthio Thioune a été écroué le 26 avril. © www.cheikhbethio.net

Publié le 2 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

En début d’année, alors qu’il s’apprêtait à apporter son soutien à Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle, le marabout Cheikh Béthio Thioune revendiquait 12 millions de disciples. Ses talibés sont en réalité bien moins nombreux. Mais ils ont démontré ces derniers jours qu’ils étaient prêts à tout pour leur guide.

Soupçonné par la justice d’avoir couvert le meurtre de deux de ses adeptes, ce dernier a été arrêté le 23 avril et incarcéré. Depuis, les thiantacounes (ses élèves) ne cessent de réclamer sa libération. Après son transfert de la prison de Thiès à celle de Dakar, mi-octobre, pour des « raisons de santé », leur colère est montée d’un cran. Le 22 octobre, des dizaines de ses partisans ont saccagé le centre-ville de la capitale. Selon la police, 127 véhicules ont été endommagés et trois personnes (dont deux policiers) blessées. « Tout cela a été préparé en amont », accuse un collaborateur du président Macky Sall. Le même jour, des « thiant’ » ont manifesté dans plusieurs villes du pays, tandis que d’autres ont tenté de prendre d’assaut l’ambassade du Sénégal à Paris. Ils ont fait entendre leur voix jusqu’aux États-Unis.

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Ce n’est pas la première fois que Thioune crée la polémique. Il est l’un de ces marabouts iconoclastes que l’intellectuel Abdoul Aziz Mbacké qualifie de « mouridophages ». En d’autres termes, « ils vivent sur le dos du mouridisme et l’utilisent dans leur propre intérêt ».

Fortune

Né vers 1938, Thioune n’a été durant la majeure partie de sa vie qu’un simple fonctionnaire. Son titre de cheikh, acquis en 1987, son influence et sa fortune, il ne les doit qu’à sa proximité avec Serigne Saliou Mbacké, cinquième khalife général des mourides, qui dirigea la confrérie de 1990 à 2007 et qu’il connaissait depuis l’enfance. Celui-ci a fait en sorte qu’il dirige la communauté de Touba, coeur du mouridisme, entre 1996 et 2002.

Reste qu’Abdoul Ahad Mbacké, le troisième khalife général, avait prévenu Saliou : « Il va te créer des problèmes. » Aujourd’hui, c’est à Macky Sall qu’il en pose. Son gouvernement a beau répéter que la justice est indépendante, l’entourage du marabout est persuadé que sa détention prolongée est une riposte à son soutien à Wade. « C’est de l’acharnement. Le cheikh est malade », déplore l’un de ses fils, le député Khadim Thioune.

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