Afrique du Sud : « bye-bye » Alf Kumalo
Il était le photographe emblématique de la lutte antiapartheid et l’ami de Nelson Mandela. Alf Kumalo s’est éteint le 21 octobre.
De sa jeunesse dans le Johannesburg noir animé des années 1950, Alf Kumalo avait gardé l’habitude de ne jamais se séparer de deux attributs : son costume – cet homme à la peau sombre et aux yeux bleus était coquet – et son appareil photo.
C’est sans conteste le second qui a fait de lui un héros sud-africain. Pendant ses cinquante années de carrière, il a vécu et immortalisé tous les épisodes de la lutte contre l’apartheid : du premier procès des dirigeants du Congrès national africain (ANC), parmi lesquels un certain Nelson Mandela, à partir de 1956, à l’élection de ce dernier, en 1994, en passant par les émeutes de Soweto, en 1976, et l’émergence du Black Consciousness Movement (Mouvement de la conscience noire).
Un temps collaborateur du mythique magazine Drum, il avait l’art de s’approcher au plus près de l’Histoire en marche, prenant parfois tous les risques. Ce qui lui a valu de voir ses photos publiées par les plus grands journaux (The New York Times et The Observer, entre autres) ainsi qu’une rancune tenace du régime de l’apartheid.
Icône
Mais derrière Alf Kumalo, le témoin de la lutte de son peuple, il y avait Bra Alf (« frère Alf »), l’ami intime de la famille Mandela. Pendant la longue détention de Nelson à Robben Island, Kumalo a été un lien entre lui et les siens, lui envoyant de superbes clichés de sa femme Winnie et de ses filles en train de grandir (elles n’étaient pas autorisées à lui rendre visite avant l’âge de 15 ans). Ce talent de portraitiste lui permit d’approcher d’autres figures du XXe siècle, comme Miriam Makeba ou Mohammed Ali, qui lui proposa de devenir son photographe personnel. « A. K. » refusa : sans doute ne pouvait-il accepter une telle proposition que de Mandela. Et c’est d’ailleurs ce qu’il fit, de manière informelle, dès la sortie de prison de l’icône, puis tout au long de son mandat présidentiel.
Kumalo s’était ensuite lancé dans d’autres projets : la création d’un musée et d’une école de photographie à Soweto pour former les plus défavorisés. Jusqu’à sa mort, le 21 octobre, à l’âge de 82 ans, il ne s’est jamais séparé de son appareil photo.
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